Evangile du dimanche

Méditer sept jours avec l’évangile du dimanche:

évangile du septième dimanche de Pâques

Année B

(Jn 17, 11b-19 )


Méditation du dimanche:

Présentation du texte de l’évangile


En ce septième dimanche de Pâques, situé entre l’Ascension et la Pentecôte, la liturgie nous propose chaque année un extrait de la grande prière de Jésus adressée à son Père après son dernier entretien avec ses disciples à la suite du lavement des pieds. Pour les besoins de la liturgie cette prière a été découpée en trois sections et en cette année B c’est la section centrale de cette prière qui est proposée à notre méditation.

Le texte proposé paraît délimité par une inclusion littéraire celle du motif de la sainteté. En effet il s’ouvre par l’adresse de Jésus «Père saint» - pater hagie en grec et s’achève par la répétition à trois reprises du verbe «sanctifier» - hagiazô en grec – une fois au verset 17 et deux fois au verset 19. Cela suggère que l’enjeu de notre texte dans la limite fixée par el découpage liturgique est la sanctification des disciples c’est-à-dire le processus par lequel les disciples deviennent semblables au Père qui est saint.

Dans ces limites il semble que l’on peut déterminer plusieurs unités thématiques:

  1. un premier thème qui apparaît au v. 11-12 est l’unité des disciples, image de l’unité du Père et du Fils. Cette unité a été conservé par le Fils alors qu’il était sur la terre et maintenant que le Fils quitte ce monde, il demande à son Père de la préserver.
  2. le v. 13 introduit le motif de la joie.
  3. les v. 14-16 et 18 définissent les rapports complexes des disciples au monde. Comme le Fils avant eux, les disciples ne sont pas du monde (issu du monde), d’où la haine du monde à leur égard. Mais ils ne sont pas hors du monde mais, au contraire, envoyés dans vers le monde.
  4. les v. 17 et 19, développent le thème de la sanctification annoncé dès le début du texte par l’expression «Père saint».

Le texte de cette prière nous propose donc un parcours de sanctification. Pour être sanctifiés, saints come le Père, les disciples doivent être unis entre eux comme le Père et le Fils sont, unité qui le comble de joie et, bien qu’ils ne soient pas issus dans le mode et qu’en raison de cela le monde les haïsse, ils sont envoyés dans le monde.


Méditation du lundi

«Qu’ils soient un»


La première partie de notre texte insiste sur l’unité de des disciples Cette unité est comparée à celle du Père et du Fils/ «Qu’ils soient un comme nous-mêmes». Cette formule renvoie à l’affirmation de l’unité du Père et du Fils proclamée par Jésus lors de la fête de la dédicace du Temple en Jn 10,30 «le père et moi nous sommes un.». Ls disciples sont en quelque sorte inclus dans la vie intérieure du Dieu Trinité. Ils sont appelés à être UN comme Dieu est unique dans la diversité des personnes.

Jésus revient sur son action lorsqu’il était avec les disciples. Il définit son action par deux verbes qui sont pratiquement synonymes le verbe têreô et le verbe phulassô qui signifient tous deux «garder», veiller sur». Il nous semble que l’emploi de ses deux verbes renvoient à une image que Jésus a employé pour se définir dans l’évangile de saint Jean, celle du «vrai berger» (Jn 10, 1-18.26-29). La fonction du berger est bien n effet de «garder» de «veiller sur» les bêtes qui lui sont confiées. Durant son séjour sur la terre Jésus a été le vrai berger qui a gardé son troupeau et empêché que ses brebis se dispersent. On peut d’ailleurs remarquer qu’au chapitre 10 de l’évangile selon saint jJan, la formule « le Père et moi nous sommes un» vient conclure la seconde occurrence de l’image du vrai berger.

L’idée qu’aucun de ceux qui sont confiés ne se sont perdus annonce ce qui se passera au moment de l’arrestation de Jésus. Dans le récit johannique de cette arrestation, Jésus se présente spontanément à ceux qui viennent l’arrêter, demande qui ils cherchent et, à leur réponse, «Jésus de Nazareth» déclare par deux fois: «c’est moi» ou plutôt «Moi je suis» qui est à la fois une manière de s’identifier et d’affirmer son identité divine et, la seconde fois il ajoute «Si c’est bien moi que vous cherchez, ceux-là, laissez-les partir»; l’évangéliste ajoute alors ce commentaire: « ainsi s’accomplissait la parole qu’il avait dite: “Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’avais donnée”.» La parole de Jésus à laquelle référence l’évangéliste pourrait bien être le «aucun ne s’est perdu» que l’on trouve dans notre texte. Cette idée était toutefois déjà présente dans le discours du pain de vie au chapitre 6 de l’évangile où jésus avait déclaré «Or, telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé: que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour.» (Jn 6,39). Cette déclaration du chapitre 6 montre que Jésus ne préserve pas seulement l’existence terrestre de ses disciples au moment de son arrestation, mais c’est leur salut éternel, leur unité fondamentale avec le Dieu Père, leur capacité à recevoir la vraie vie qu’il a préservée.


Méditation du mardi

«Le fils de perdition»


Il y a toutefois une exception à la préservation par Jésus de la vie de ceux que le Père lui a donnés: «sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie». La périphrase «celui qui s’en va à la perte» traduit l’expression grecque ho huions tès apôleias qui signifie littéralement «le fils de la perdition» L’expression «fils de» est un sémitisme, une expression grecque calquée sur l’hébreu ou l’araméen que l’on rencontre assez fréquemment dans les évangiles. D’une manière plus précise l’expression «fils de perdition» se rencontre dans la 2ème Lettre de saint Paul aux Thessaloniciens où elle désigne une figure qui doit survenir à la fin des temps avant le retour du Seigneur Jésus Christ: «Car il faut que vienne d’abord l’apostasie et se révèle l’Homme de l’impiété, le fils d perdition». Dans la 2ème lettre aux Thessaloniciens le «fils de perdition» correspond dans le langage paulinien à celui que saint Jean dans sa première lettre appelle «l’antichrist»: «Mes enfants, c’est la dernière heure et, comme vous l’avez appris, un anti-christ, un adversaire du Christ doit venir» (1 Jn 2,18) Il est intéressant de relever que Jean emploie pour désigner Judas, une expression que saint Paul, dans la deuxième lettre aux Thessaloniciens utilise pour désigner l’Antichrist. Si la formule «fils de perdition» - ho huios tès apôleias – ne se trouve pas en tant que tel dans la version grecques de l’Ancien Testament, la Septante, on y rencontre une expression proche dans le livre du prophète Isaïe «enfants de la perdition» Cette formule apparaît en Is 57,4 dans une violente diatribe adressée à ceux qui pratiquent l’idolâtrie juste après une brève évocation de la mort du juste (en Is 57,1-2). Le texte d’Isaïe suggère donc une opposition entre le juste et les «enfants de perdition» qui a pu inspirer saint Jean opposant al mort du juste Jésus qui aboutit à sa résurrection et la mort du traître Judas, qui aboutit à sa perdition. Dans l’évangile selon saint Jean la trahison de Judas est annoncée à plusieurs reprises: après le discours sur le pain de vie, alors que de nombreux disciples l’ont abandonné et que Pierre vient au nom de Douze de proclamer sa foi en Jésus «Saint de dieu», Jésus déclare «N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze? et l’un de vous est un diable!» et l’évangéliste ajoute ce commentaire: «Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote: celui-ci , en effet, l’un des Douze allait le livrer» (Jn 6,70-71). De même a, au cours du dernier repas, après avoir lavé les pieds de ses disciples Jésus leur déclare: «Vous-mêmes, vous êtes purs mais non pas tous» et, encore une fois, l’évangéliste commente: «Il savait bien qui allait le livrer; et c’est pourquoi il disait: “vous n’êtes pas tous purs.”» (Jn 13,10-11) Toujours au cours du dernier repas Jésus déclare solennellement à ses disciples «Amen, amen, je vous le dis l’un de vous me livrera» (Jn 13,21). Cette trahison est présentée ici comme un accomplissement nécessaire des Écritures. Cette idée avait déjà été évoquée en Jn 13,18 où avait été cité un verset de psaume que la trahison de Judas paraît accomplir» mais il faut que s’accomplisse l’Écriture: celui qui mange le pain avec moi m’a frappé du talon.» Le verset cité appartient au psaume 40, qui met en scène un juste en proie à la maladie et à la souffrance qui est abandonné de ses amis. Le motif de l’accomplissement par Judas des Écritures n’est pas propre à saint Jean, on le trouve aussi au début du livre des actes des apôtres dans le récit du choix du successeur de Judas «Frères, il fallait que l’Écriture s’accomplisse. En effet, par la bouche de David, l’Esprit Saint avait parlé d’avance de Judas, qui en est venu à servir de guide aux gens qui ont arrêté Jésus.» (Ac 1,16). Ce passage renvoie implicitement au verset d’un psaume, livre dont la rédaction est attribuée à David, mais le verset en question n’est pas cité. On pourrait supposer que saint Luc ait à l’esprit le même verset que saint en en Jn 13,18 c’est-à-dire Ps 40,10 (c’est ce qui est indiqué en note dans la traduction liturgique). Toutefois, cette hypothèse n’est pas assurée et il est aussi possible que saint Luc ait à l’esprit le psaume 108 dont il cite plus loin le verset 8 «qu’un autre prenne sa charge.». En effet, les versets 4 et 5 du psaume 108 peuvent aussi s’appliquer à Judas: «Pour le prix de mon amitié, ils m’accusent, moi qui ne suis que prière. Ils me rendent le mal pour le bien, ils paient mon amitié de leur haine.» En tout cas saint Jean et saint Luc voient dans la trahison de Judas l’accomplissement des Écritures et plus articulièrement des versets des psaumes où un juste souffrant est abandonné et même persécuté par ses amis. Face au scandale incompréhensible de la trahison des proches de Jésus, les premières communautés chrétiennes ont recherché une explication dans les Écritures et plus particulièrement dans les psaumes mettant un scène un juste souffrant.


Méditation du mercredi

Qu’ils en soient comblés.


Après avoir demandé à son Père de garder ses disciples unis comme lui-même l’a fait de son on vivant, Jésus évoque le motif de la joie. Du point de vue syntaxique le début du v. 13 présente une construction parallèle au V. 12. Les deux versets commencent en effet par une proposition circonstancielle de temps. Jésus paraît opposer deux périodes différentes d’une part le temps où il était avec ses disciples qu’il évoque au passé «quand j’étais avec eux.» et le temps présent qui est celui de son départ vers le Père «Et maintenant que je viens à toi.». Alors que le temps où Jésus était avec les disciples est mis en rapport avec la préservation de leur unité, le départ de Jésus vers le Père est associé à la joie. Cette association n’est pas nouvelle. Au cours de son dernier entretien avec les disciples, leur annonçant son départ vers le Père Jésus leur avait déclaré «Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi.» (Jn 14,28). Plus tard, toujours au cours de ce dernier entretien, Jésus avait décrit les différents sentiments par lesquels allaient passer ses disciples, la peine puis la joie: «Amen, Amen, je vous le dis: vous allez pleurer et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira; vous serez dans la peine, mais votre peine se changera en joie.La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de sa souffrance, tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde. Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira; et votre joie personne ne vous l’enlèvera.» (Jn 16,20-24). La mort et la résurrection de Jésus sont ici comparés à la naissance d’une réalité nouvelle. Si la mort de Jésus plonge les disciples dans la peine, sa résurrection leur procure une joie définitive qui ne passe pas car désormais Jésus est auprès du Père peuvent tout demander et tout obtenir en son nom «Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom; demandez et vous recevrez: ainsi votre joie sera parfaite.» (Jn 16,24). Du vivant de Jésus, alors qu’il était sur la terre, les disciples goûtaient al joie de sa présence. Mais ce n’était qu’une joie partielle et provisoire. Après la résurrection, lorsque Jésus est auprès du Père, les disciples peuvent connaître la joie pleine et entière qui les comble car eux-mêmes se trouvent désormais étroitement unis au Père.


Méditation du jeudi:

Ne pas appartenir au monde


Dans la traduction liturgique française revient à quatre reprises l’expression «ne pas appartenir au monde» deux fois avec un «je» renvoyant à Jésus pour sujet, deux fois avec un «ils» renvoyant aux disciples pour sujet. «Ne pas appartenir au monde» traduit l’expression grecque «ouk eimi ek tou kosmou» qui signifie littéralement «ne pas être du monde». «Ne pas être du monde» était d’ailleurs l’ancienne traduction liturgique et c’est aussi celle proposée par la Bible de Jérusalem et la Traduction œcuménique de la Bible (TOB). Il est vrai toutefois que l’expression «être du monde» n’est pas absolument claire car la préposition «de» ou «du» peut avoir plusieurs sens en français. .»»du « traduit la préposition grecque ek qui construit avec le génitif indique au sens premier l’origine ou la provenance. On pourrait comprendre «être issu du monde» et c’est bien le sens que paraît avoir l’expressionemi ek tou kosmou» dans sa première occurrence dans l’évangile en Jn 8,23: «vous vous êtes d’en bas; mois je suis d’en haut. Vous, vous êtes de ce monde, moi je ne suis pas de ce monde.» Jésus débattant avec les Juifs semble opposer soin origine divine d’en-haut à l’origine de ses interlocuteurs issus du monde pécheur d’en-bas. Toutefois l’expression « êre issu de « n’est pas non plus tout à fait satisfaisante puisqu’en Jn 15,19 Jésus explique que ces disciples ne sont pas du monde mais qu’il les a quand même pris dans le monde pour les en séparer.: «Mais vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde.» ouchoix de la traduction «ne pas appartenir au monde» peut s’appuyer sur Jn 15,19 où l’on retrouve l’expression «ek tou kosmou eimi». La traduction liturgique officielle de ce verset est la suivante: «si vous apparteniez au monde, le monde aimerait ce qui est à lui.» Littéralement il signifie:» Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui est propre (to idion).L’adjectif grec idios signifie en effet au sens premier «ce qui est propre à quelqu’un, ce qui lui appartient; ce verset semble donc bien poser une équivalence entre «être du monde» et «appartenir du monde». Il est nécessaire de préciser ce que signifie ici le monde. Dans la perspective de saint Jean, le monde est ici à comprendre comme une structure de péché livrée au pouvoir du mal. Comme il est écrit dans la première lettre de saint Jean: «le monde tout entier est au pouvoir du mauvais.» Ce monde livré au pouvoir du mauvais éprouve de la haine pour Jésus et ses disciples. Le motif de la haine du monde pour Jésus est apparu au chapitre 7 de l’évangile selon saint Jean, lorsqu’avant la fête des tentes, Jésus dit à ses frères qui l’invite à se rendre à Jérusalem pour la fête «le monde ne pas vous haïr mais il a de la haine contre moi parce que je témoigne que ces œuvres sont mauvaises.» La haine du monde contre Jésus vient donc de ce que Jésus, lumière du monde, révèle la conduite mauvaise des hommes: «la lumière est venue dans le monde et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises» (Jn 3,29). Le thème de la haine du monde pour Jésus et ses disciples en Jn 15,18-25: Jésus affirme d’abord si el monde hait les disciples c’est qu’il a d’abord haï: «si le monde a de la haine contre vous, sachez d’abord qu’il en a eu contre moi.» (Jn 15,18) avant d’explique que la haine contre lui-même est aussi une haine contre son Père: «Celui qui a de la haine contre moi a de la haine aussi contre mon Père.» (Jn 15,23). Ainsi, tout comme le Père, le Fils et les disciples sont unis dans l’amour mutuel sont aussi dans la haine commune que leur voue le monde au pouvoir du mauvais. Jésus ne demande pourtant pas à son Père de retirer les disciples du monde. Tout au contraire il rappelle au Père qu’il a envoyés les disciples dans le monde comme lui-même a été envoyé par le Père dans le monde. Cet envoi sera renouvelé, le premier jour de la semaine après sa passion lorsque jésus ressuscité s’adressant aux disciples leur déclare:» La, paix soit avec vous. De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie.» (Jn 20,21). En revanche Jésus prie le Père pour garder les disciples du mauvais: il veut que les disciples puissent lui demeurer fidèle dans un sein d’un monde eau pourvoir du mauvais sans eux-mêmes tomber sous ce pouvoir, entrer dans la logique mortifère du mal. La prière du Christ à son Père «pour que tu les gardes du Mauvais» rejoint la dernière demande du notre Père dans la version de l’évangile selon saint Matthieu «mais délivre-nous du Mal» que l’on peut aussi comprendre «délivre-nous du Mauvais.»


Méditation du vendredi:

Qu’ils soient sanctifiés dans la vérité


Aux v. 17 et 19, on peut relever trois occurrences du verbe «sanctifier» - hagiazô en grec – et deux du substantif vérité alétheia en grec. Ces deux termes introduisent dans notre texte les motifs de la «sanctification»et de la «vérité». À vrai dire pour ce qui concerne le motif de la sanctification, il était annoncé au début du texte par l’invocation de Jésus «Père saint» - pater hagie en grec. Outre ces deux versets, le verbe hagiazô n’apparaît à une seule autre reprise dans l’évangile selon saint Jean en Jn 10,36 où Jésus se présente comme celui qui le Père a consacré et envoyé dans le monde.» On peut remarquer que, dans les eux textes la sanctification ou consécration est liée à l’envoi dans le monde. En Jn 10,36, le Père consacre le Fils puis l’envoie dans le monde. Jésus demande à son Père de sanctifier les disciples qu’il envoie dans le monde. Plus largement l’idée que dieu est saint et sanctifie s’inscrit dans une tradition vétérotestamentaire représentée par le livre du Lévitique dans lequel Dieu déclare «Je suis saint, mois le Seigneur qui vous sanctifie» (Lv 21,8) Par rapport à cette tradition notre texte apporte deux inflexions une part en mettant en relation la motif de la sanctification avec celui e la vérité, d’autre part entre Dieu qui sanctifie et les hommes qui sont sanctifiés dans une position médiane, le Fils aussi est à la fois sanctifié par le Père, qui demande au Père de sanctifier les disciples et se sanctifie lui-même pour que les disciples soient sanctifiés.

Le thème de la vérité occupe une grande place dans l’évangile selon saint Jean: Dès le prologue saint Jean suggère une opposition entre«la Loi donnée par Moïse» et«la grâce et la vérité venues par Jésus Christ» (Jn 1,17) Cela peut suggérer que la sanctification dans la vérité pour laquelle Jésus prie son Père s’oppose à la sanctification prévue par la Loi. Par ailleurs, le motif de la vérité est particulièrement développé au chapitre 8 dans un débat entre Jésus et les Juifs. Au début de ce débat, Jésus énonce la formule «La vérité vous rendra libres» (Jn 8,32) qui amène une vive protestation de ces auditeurs qui affirment «nous n’avons jamais été esclaves de personne» (Jn 8,33) Jésus développe alors l’idée que ses interlocuteurs sont esclave du diable en lequel il n’y a pas de vérité: «Vous, vous êtes du diable, c’est lui votre père, et vous cherchez à réaliser les convoitises de votre père. Depuis le commencement, il a été un meurtrier. Il ne s’est pas tenu dans la vérité, parce qu’il n’y a pas en lui de vérité.» (Jn 8,44). Si l’on met en rapport ces propos de Jésus avec notre texte, on comprend que Jésus demande au Père de «sanctifier les disciples dans la vérité» après lui avoir demandé de les garder du Mauvais: pour garder les disciples du mauvais qui tient le monde en son pouvoir, il faut le préserver du mensonge qui est l’instrument de la domination du Diable. Sanctifier les disciples de la vérité c’est les libérer du pouvoir du diable.

Jésus joue lui-même un rôle dans ce processus de sanctification comme l’indique le v. 19. On peut relever l’inistance sur l’expression «pour eux» - hyper autôn – placée en tête de la phrase, la traduction liturgique française reproduisant ici à raison l’ordre des mots inhabituel du texte grec. Cette insistance sur le «pour eux» de l’auto-sanctification de Jésus suggère de mettre en rapport cette auto-sanctification avec la déposition de sa vie pour ses amis évoquée au chapitre 15 de l’évangile selon saint Jean: «Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime»; Il semble donc que c’est en déposant sa vie que Jésus se sanctifie. Dès lors il est tenant de rapprocher l’auto-sanctification de Jésus telle qu’elle est évoquée dans notre texte de la perspective de la Lettre aux Hébreux. Pour son auteur, Jésus est le nouveau grand-prêtre qui par son sacrifice a purifié, sanctifié les consciences des fidèles:

S’il est vrai qu’une simple aspersion avec le sang des boucs et des taureaux, sanctifie ceux qui sont souillés, leur rendant la pureté de la chair, le sang du Christ fait bien davantage. Car le Christ, poussé par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à dieu comme une victime sans défaut; son sang purifiera donc notre conscience des actes afin que’ nous puissions rendre un culte au dieu vivant.(He 9,13-14).


Méditation du samedi:

la clef de l’amour.


Un mot nous paraît important pour comprendre cette dernière prière de Jésus, un mot qui paradoxalement ne figure pas dans le texte, le mot «amour» - agapè en grec. S’adressant à son Père, Jésus ne parle pas d’amour peut- être parce que Dieu, le Père et le Fils, étant amour, il n’y pas besoin d’en parler. Pourtant l’amour fournit une clef de compréhension à ce texte qui paraît ardu à la première lecture. La première lettre de saint Jean reprend en effet des éléments que l’on trouve dans notre texte en les corrélant à l’amour. Saint jean oppose en effet la haine du monde à l’amour que les frères montrent entre eux: «Ne soyez pas étonnés frères, si le monde a de la haine contre vous. Nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères.» (1 Jn 3,13-14). La logique d monde selon saint Jean celle de Caïn qui est devenu le meurtrier de son frère «Parce que ses œuvres étaient mauvaises; au contraire celles de son frère étaient justes.» (1 Jn 3,12). La logique du monde est celle d’une jalousie qui ne supporte pas que les autres puissent faire le bien et en être récompensés. L’amour tel qu’il est envisagé dans le monde, l’amour possessif, exclusif et jaloux, est un amour mensonger qui conduit à la haine lorsque l’autre échappe à notre emprise. L’amour en vérité que propose Jésus, amour gratuit allant jusqu’à la remise de soi-même pour les autres, amour inclusif exigeant non pas que l’autre aime nous seuls amis aime les autres en même temps que nous, libère de al logique du monde et fait entrer dans une dynamique de vie nouvelle.

Evangile du sixième dimanche de Pâques

Année B

(Jn 15, 9-17)


Méditation du dimanche:

Présentation du texte de l’évangile


En ce sixième dimanche du temps pascal de l’année B nous poursuivons la lecture du dernier entretien de Jésus avec ses disciples après le lavement des pieds dans l’évangile selon saint Jean. L’évangile de ce dimanche est la suite de l’image de la vigne lue la semaine dernière. Deux éléments de notre texte montrent d’ailleurs la continuité avec le précédent: tout d’abord le verbe «demeurer» présent à huit reprises dans l’image de la vigne apparaît encore à quatre reprises dans notre texte, trois fois dans les deux premiers versets et une fois dans l’avant-dernier. L’expression «porter du fruit» présente cinq fois dans l’image de la vigne est aussi reprise dans l’avant- dernier verset de notre texte. Toutefois, si l’emploi de ces mots marque la continuité avec le texte précédent, notre texte se caractérise par l’emploi d’autres termes qui occupent une place prédominante, tout d’abord le verbe agapeô – traduit par «aimer» en français qui apparaît à cinq reprises dans notre texte alors que le substantif agapè est présent à trois reprises et ensuite le verbe entellomai traduit en français par «commander» que l’on rencontre deux fois alors que le substantif entolè , «commandement» en français, apparaît à trois reprises. Notre texte établit donc un lien étroit entre «aimer» et «commander». Ce lien peut paraître étrange voire suspect à nos mentalités contemporaines qui tendent à considérer l’amour comme un sentiment et donc quelque chose «qui en se commande pas.» Le commandement de s’aimer les uns les autres qui est au cœur de notre évangile risque donc d’être perçu au mieux comme une demande naïve et peu réaliste au pire comme une injonction potentiellement aliénante d’autant qu’il est mis en relation avec une conception sacrificielle de l’amour «donner sa vie pour ceux qu’on aime» jugée dangereuse par la psychologie contemporaine. Pour être justement interprété et pour être reçu dans le monde de notre temps le commandement de «s’aimer les uns les autres» doit être remis dans son contexte. L’évangile de ce dimanche inscrit ce commandement dans un parcours qui permet de mieux comprendre la visée et la portée. Le point de départ de ce parcours est l’amour du Père pour le Fils et l’amour du Fils pour nous: c’est parce que Dieu nous aime, qu’il nous a aimés le premier que nous pouvons à notre tour aimer. Cet amour nous comble de joie, nous procure une joie pleine, débordante qui se répand sur les autres. Cet amour n’est pas un amour possessif, inclusif, pour soi, mais un amour qui pousse à renoncer à soi-même pour s’ouvrir aux autres. C’est en se donnant soi-même dans cet amour, que l’on acquière la vraie liberté que l’on passe du statut d’esclave ou serviteur à celui d’ami, que l’on s’épanouit pleinement en portant du fruit.


Méditation du lundi:

Comme le Père m’a aimé


Au point de départ du parcours au cœur duquel le commandement de l’amour, se trouve l’amour du Père pour le Fils. L’affirmation que le Père aime le Fils s’est déjà rencontrée à trois reprises dans l’évangile selon saint Jean. Tout d’abord en conclusion du chapitre 3 où cet amour où est définie une première conséquence de cet amour: les pouvoirs donnés au Père par le Fils: «Le Père aime le Fils et il a tout remis en sa main». (Jn 3,35) puis au chapitre 5 où est présenté une autre conséquence la connaissance accordée par le Père au Fils: «Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait.» et enfin au chapitre 10 où c’est au contraire la cause de cet amour qui est exposé le renoncement par le Fils à sa propre vie: «Voilà pourquoi le Père m’aime: parce que je donne ma vie, pour la recevoir à nouveau.» Au chapitre 17, dans sa grande prière adressée à son frère, Jésus va plus loin, puisqu’il évoque non seulement du Père pour lui, mais aussi l’amour du Père pour ses disciples qui en découle: «qu’ils deviennent ainsi parfaitement un afin que le monde sache que tu m’as envoyé et que tu les as aimés, comme tu m’as aimé.» À cet amour du Père pour le Fils, correspond l’amour du Fils pour ses disciples. Cet amour a été affirmé solennellement au début de la deuxième partie de l’évangile selon saint jean, en introduction au récit du dernier repas de Jésus avec ses disciples,: «Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.»

Jésus donne ensuite l’ordre à ses disciples de «demeurer dans son amour et il établit une équivalence centre «demeurer » dans son amour» et «garder ses commandements. Déjà au chapitre précédent Jésus avait établi une équivalence semblable entre l’aimer et garder ses commandements: «Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Ce motif sera repris et développé dans la première lettre de saint Jean d’abord au chapitre 2:«Mais en celui qui garde sa parole l’amour de Dieu atteint vraiment sa perfection» (1 Jn 2,5) puis au chapitre 5, dans une formule «car tel est l’amour de Dieu, garder ses commandements» qui est en fait une repise d’un texte du livre de la Sagesse écrit rédigée en grecque probablement au premier siècle avant l’ère chrétienne: «L’Amour c’est de garder ses lois» (Sg 6,18). Le lien entre l’amour de Dieu et l’observance des commandements sur lequel insiste tout particulièrement la littérature johannique avait déjà été donc établi dans les écrits sapientiels tardifs de l’Ancien Testament;

Jésus insiste sur le fait que lui-même observe les commandements du Père et demeure dans son amour. Cette idée a déjà été formulée plus tôt dans l’évangile selon saint Jean. Dans un débat avec les Juifs, au chapitre 8 de l’évangile Jésus avait déclaré: «celui qui m’a envoyé est avec moi, il ne m’a pas laissé seul parce que je fais toujours ce qui lui est agréable.» ( Jn 8,29). Un peu auparavant, au cours du dernier entretien avec ses disciples, en conclusion du chapitre 14, il avait déclaré d»mais il faut que le monde sache que j’aime le Père et que je fais comme le Père me l’a commandé» (Jn 14,31)


Méditation du mardi:

que votre joie soit parfaite



Après avoir souligné le rapport étroit entre l’amour et l’observance des commandements, Jésus introduit un nouveau motif celui de la joie. Il suggère qu’observer les commandements n’est pas une contrainte qui pèserait sur les disciples mais au contraire une activité qui leur procure de la joie. La traduction liturgique officielle parle «d’une joie parfaite», une expression devenue quasi-canonique en français set qu’il était difficile au traducteur de changer. Pourtant le verbe grec employé pleroô signifie littéralement «remplir» ou « accomplir». Plus que d’une joie «parfaite» il s’agit littéralement d’une joie «pleine» ou «accomplie». On pourrait traduire aussi «que vous soyez comblés de joie» cette expression française traduisant bien l’idée de plénitude présent dans le verbe pleroô. Qu’elle qu’en soit la traduction choisie l’association du nom grec chara (joie) et du verbe pleroô est une expression typique du vocabulaire johannique. Que l’on retrouve à quatre reprises dans l’évangile et une fois dans les deux premières lettres attribuées à l’apôtre. Cette expression apparaît notamment au chapitre 3 de l’évangile dans la bouche de Jean le Baptiste que l’on interroge sur le succès de la prédication de Jésus: «Celui à qui l’épouse appartient, c’est l’époux; quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. Telle est ma joie, elle est parfaite.» (Jn 3,29) Cette expression revient à deux reprises dans le dernier entretien de Jésus avec ses disciples après le lavement des pieds. Outre notre texte, on la retrouve au chapitre 16 où Jésus déclare: «Jusqu’à présent, vous n’avez rien demandé en mon nom; demandez et vous recevrez: ainsi votre joie sera parfaite.» (Jn 16,24). Elle apparaît aussi dans la grande prière de Jésus adressée à son père qui constitue le chapitre 17 de l’évangile selon saint Jean: «Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi dans le monde pour qu’ils aient en eux ma joie et qu’ils en soient comblés.» (Jn 17,13) Cette expression se retrouve au début de la première lettre de saint Jean «et nous écrivons cela afin que notre joie soit parfaite» (1 jn1,4) et à la fin de la seconde lettre du même apôtre: «J’ai bien des choses à vous écrire, je n’ai pas voulu le faire avec du parler et de l’encre, mais j’espère me rendre chez vous et vous parler de vive voix, pour que notre joie soit parfaite.» Il me semble que le point commun entre ces différentes occurrences est que l’expression «joie parfaite» est employée pour décrire une situation de pleine communication – on pourrait même dire de pleine communion: celui qui parle communique pleinement sa joie à celui qui l’entend. En entendant la voix joyeuse de Jésus, l’Époux, Jean le Baptiste est comblé de joie. Au moment de quitter ce monde, Jésus transmet à ses disciples sa joie de retourner vers le Père et leur annonce qu’ils seront pleinement dans la joie en recevant tout ce qu’ils demanderont en son nom. L’apôtre Jean dit sa joie de pouvoir communiquer la parole de Dieu par écrit ou de vive voix. Ce lien entre joie et communication renvoie d’ailleurs à une expérience anthropologique commune. N dit-on pas que la joie est un sentiment communicatif? Il n’est donc pas étonnant que saint Jean parle de «joie accomplie» pour évoquer la pleine communion entre Jésus et ses disciples


Méditation du mercredi:

Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés



Jésus énonce ensuite le commandement central de cet évangile:«Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé.» Ce commandement avait déjà été formulé par Jésus au début du dernier entretien avec ses disciples juste après le départ de Judas en Jn 13,34: «Je vous donne un commandement nouveau: c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres.» Ce «commandement nouveau» apparaît aussi à quatre reprises dans la première lettre de saint Jean tout d’abord en 1 Jn 3,11«Tel est le message que vous avez entendu depuis le commencement: aimons-nous les uns les autres» puis en 1 Jn 3,23: «Or voici son commandement: mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé», en 1 Jn 4,7:«Aimons-nous les uns les autres puisque l’amour Vient de Dieu» et enfin en 1 Jn 4,11: «Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres.» Le commandement de l’amour mutuel est donc un motif très présent dans les écrits de saint Jean et qui plus est propre à ces écrits. Les évangiles selon saint Matthieu (Mt 22,34-40) et selon saint Marc (Mc 12,28-34) rapportent certes que Jésus interrogés sur le premier ou le plus grand commandement en cite deux le premier emprunté au livre du Deutéronome «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de tout ton esprit» et le second («qui lui est semblable» est-il précisé dans l’évangile selon saint Matthieu) emprunté au livre du lévitique, «Tu aimeras ton prochain comme toi-même». Par rapport au commandement du lévitique la formulation johannique présent deux spécificités: tout d’abord l’amour commandé est un amour mutuel, ensuite il est ordonné à un modèle l’amour du Christ pour ses disciples. La seconde partie du commandement johannique «comme je vous ai aimés» peut sembler au premier abord d’une folle prétention. Qui peut donner l’amour qu’il porte comme modèle aux autres? La réponse que l’on est tenté de donner spontanément est que seul Dieu peut donner cet amour. On est alors porter à considérer que c’est parce que Jésus est le fils de Dieu, qu’il est Dieu qu’il peut nous donner son amour en modèle. Cette lecture est tout à fait légitime mais elle comporte le risque d’éluder une réflexion sur la spécificité de cet amour du Christ qu’il nus demande d’imiter. En quoi cet amour est-il différent de nos amours humaines? En quoi mérite-t-il d’être donné en exemple? À le considérer en premier lieu comme un amour venu de Dieu, on risque d’oublier qu’il nous est demandé à nous hommes de l’imiteret, pour être d’origine divine, cet amour ne s’inscrit pas moins dans notre expérience humaine. Pour comprendre la spécificité de cet amour, il faut revenir sur la formulation du commandement: «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés». Une première remarque s’impose Jésus ne demande pas qu’on l’aime en retour de notre amour mais qu’on en aime d’autre; trop souvent dans nos amours humaines nous exigeons que les autres nous aiment autant que nous les aimons. Nous exigeons la réciprocité de l’amour. Jésus n’exige pas de ses disciples qu’ils l’aiment comme ils l’ont aimé mais qu’ils en aiment d’autre comme ils l’ont aimé. Il ne demande pas un amour réciproque qui lui reviennent mais un amour qui se répandent vers d’autres. L’amour de Jésus est un amour inclusif au rebours de nos amours humaines qui sont trop souvent exclusives. Nous exigeons de celui que nous aimons qu’il nous aime plus qu’il aime les autres, et même dans cette maladie de l’amour qui nous touche peu ou prou et qui est la jalousie, nous exigeons qu’il nous aime à l’exclusion des autres, qu’il n’aime pas les autres. L’amour de Jésus est le contraire de cet amour exclusif de cet amour jaloux puisqu’il nous aime non pas pour que nous l’aimions lui plus que les autres mais qu’en l’aimant lui nous aimions les autres, tous les autres. C’est parce qu’il est pas un amour possessif que l’amour que Jésus nous donne en exemple n’exerce aucune emprise sur l’autre.


Méditation du jeudi:

Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime



Le v. 13 précise quel est la mesure de l’amour du Christ. l’expression «donner sa vie» ou plutôt si l’on traduit littéralement l’expression grecque tithèmi tèn psychèn autou (remettre son existence) a déjà été employé à plusieurs reprises dans l’évangile selon saint Jean pur caractériser de l’action du bon berger qui se différencie des bergers salariés justement parce qu’il est près à «remtetre son existence en faveur de ses brebis» (Jn 10, 11,15) s’identifiant comme ce bon berger Jésus précisait que le paire l’aimait parce qu’il déposait son existence (Jn 10,17) Au chapitre 10 de l’évangile selon saint Jean le don de la vie était donc moins présenté comme une preuve d’amour du berger pour son troupeau comme l’élément authentifiant el vrai berger en rapport étroit avec le père et comme la source de l’amour du Père pour le fils. L’image du berger et du troupeau suggère une relation dissymétrique entre celui qui donne sa vie et ceux qui reçoivent ce don: il est à la fois leur supérieur et il est à leur service. Cette image correspond aussi à la manière dont Jésus définit sa mission dans les évangiles selon saint marc ((Mc 10,45) et saint Matthieu (Mc 20,28): «Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude.»

La reprise de l’expression «donner sa vie» dans notre texte se fait dans un contexte un peu différent car les bénéficiaires de ce don de la vie ne sont qualifiés d’ amis philoi en grec., ceux auxquels on est uni par un lien d’amitié de proximité. Il existe donc au contraire dans notre texte une certaine symétrie entre celui qui donne sa vie et les bénéficiaires. de ce don. Cette symétrie entre le donateur et les bénéficiaires du don suggère que ceux-ci auront à reproduire le même don auprès de leurs propres ennemis. C’est ce qu’explicite la première lettre de saint Jean (Jn 3,16)

Voici comment nous avons reconnu l’amour: lui, Jésus a donné sa vie pour nous. Nous aussi nous devons donner notre vie pour nos frères.

Dans son dernier entretien avec ses disciples, alors que Jésus s’apprête à remettre son existence entre les mains de son Père, Jésus explique que ce don de soi-même n’est pas seulement l’action d’un berger désireux de sauver ses brebis du loup , mais celui d’un ami pour ces amis, d’un ami qui montre l’exemple de ce que doit être l’amour non pas l’appropriation de l’autre pour soi-même mais la désappropriation de soi pour l’autre. Aimer c’est donner sa vie pour ceux qu’on aime.

Méditation du vendredi: je vous appelle mes amis

Dans la continuité du v. 13, le s v. 14 et 15 justifient le titre d’amis que Jésus vient de donner à ses disciples . Le V. 14 semble conditionner ce titre à l’accomplissement de ce que Jésus commande aux disciples! «Vous êtes mes amis ce qui vous faites ce que je vous commande.» Dans le contexte ce que Jésus commande ne peut être que ce qu’il vient de leur dire au v. 12: «aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.» en d’autres termes Jésus appelle ces amis ceux qui s’aiment. On peut donc rapprocher ce verset de ce qui est exprimé de manière plus explicite dans la première lettre de saint Jean:

Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres puisque l’amour vient de Dieu; celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu car Dieu est amour.

Il présente ce titre comme une nouveauté. dans l’évangile selon saint Jean, jusque-là le titre «ami de l’époux» avait été employé par Jean-Baptiste pour se définir lui-même dans sa relation avec Jésus en Jn 3,29 et par Jésus s’adressant à ses disciples pour définir leur relation avec Lazare au moment il leur annonce la mort de celui-ci «Lazare notre ami, s’est endormi» (Jn 11,11) cette parole de Jésus venant confirmer que Jésus aimait Lazae (cf Jn 11,,5).

Ici Jésus oppose le mot ami (philoi) au mot serviteur ou esclaves (douloi) qu’il a de fait employé pour désigner ses disciples au début de son dernier entretien avec eux juste après leur avoir lavé en Jn 13,16: «Amen, amen je vous le dis, un serviteur n’est pas plus grand que son maître.» Le rapprochement ces deux versets suggère que c’est au cours même de sn dernier entretien avec eux que les disciples de Jésus passent du statut des serviteurs ou esclaves à celui d’amis. Selon notre verset la différence entre le serviteur et l’ami tient en ce que le Serviteur ignore ce que fait son maître alors que l’amitié suppose une connaissance mutuelle. De fait au moment du lavement des pieds, devant la réaction de Pierre refusant que Jésus lui lave les pieds, celui-ci lui déclare: «ce que je veux te faire, tu ne le sais pas maintenant, plus tard tu comprendras.» au moment où Jésus dit cela à Pierre, Judas est encore avec eux. le dernier entretien de Jésus n’a pas encore puisqu’il débute vraiment avec la sortie de Judas dans la nuit. C’est alors seulement que Jésus annonce sa glorification mais surtout dévoile sont intimité avec le Père., répondant notamment à la demande de Philippe de leur montrer le Père: «Les Paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même; le Père qui demeure en moi fait ses propres oeuvres.» (Jn 14,10) Répondant par la suite à une autre question posée par Jude, Jésus insiste «Or la parole que vous entendez n’est pas de moi, elle est du Père qui m’a envoyé» (Jn 14,24) .Jésus a donc précédemment insisté au cours de cet entretien sur le fait que toutes les paroles qu’ils disaient à ses disciples ne venaient pas de lui mais de de son Père. Il précise maintenant que toutes les paroles que le Père lui a dites, il les a répétées à ses disciples.si Jésus peut désormais appeler les disciples ses amis c’est qu’ils sont désormais entrer dans l’intimité du Père et du Fils. Au chapitre 10 en même temps qu’il évoquait le don qu’il allait faire de sa vie Jésus avait dévoilé son intimité avec son Père:: «Voici pourquoi mon Père m’aime: pace que je donne ma vie pour le recevoir de nouveau.» (Jn 10,17) Évoquant de nouveau le don se sa vie qu’il va faire mais en faisant désormais un exemple qui doit être imité par ses disciples, Jésus les associe à l’intimité qu’ils partagent avec le Père. Ils sont désormais ces amis.


Méditation du samedi:

c’est moi qui vous ai choisis



Le v. 16 aborde une nouvelle dimension de la relation entre Jésus et se disciples celui du choix des disciples par Jésus. Contrairement aux évangiles synoptiques, l’évangile selon saint jean ne comprend ni récit du choix des douze par Jésus, ni listes nominatives de ceux-ci. Le chois des Douze n’est évoqué que brièvement et de manière rétrospective en conclusion du discours sur le pain de vie. Après avoir demandé aux Douze s’ils voulaient le quitter eux aussi et après la réponse de Pierre en forme de confession de foi:, Jésus déclare: «N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous les Douze? Et l’un de de vous est un diable!» (Jn 6, 70) Le motif du choix des Douze par Jésus est étroitement associé dans l’évangile selon saint Jean à l’évocation du cas particulier de Judas qui bien que choisi sciemment par Jésus va le trahir. C’est de nouveau le cas après el lavement des pieds en Jn 13, 18:. , lorsque Jésus annonce clairement que l’un de ceux qu’il a choisis va le trahir: Moi je sais quels sont ceux que j’ai choisis mais il faut que s’accomplisse l’Écriture: Celui qui mange mon pain m’a frappé du talon.. Dans noter texte il n’est plus question de Judas qui a désormais quitté le groupe des Douze, mais le motif du choix est repris et les motivations de ce choix sont explicités. Et pour cela, Jésus reprend l’image de la vigne ou plutôt l’un des aspects de celle-ci , le fait que les sarments doivent porter du fruit.. Toutefois ici l’expression «porter du fruit» se trouve au milieu d’une séquence ternaire associer à deux autres expressions que «vous alliez» et «que votre fruit demeure.» «Porter du fruits «se trouve donc inclus dans un processus dont il n’est ni la première étape ni l’achèvement du processus. Avant de porter du fruit, il faut que les disciples aillent c’est-à-dire si l’on reprend la métaphore de la vigne en quelque sorte que al greffe des disciples prenne sur le pied qu’est le Christ. et il ne suffit pas de porter du fruit mais que c fruit demeure car pour reprendre la métaphore de la vigne le fruit peut être détruit par les aléas climatiques ou dévoré par les oiseaux avant qu’ils parviennent à maturité. Tout cela suggère que la mission des disciples est une mission qui s’inscrit dans le temps. Sarment de la vigne-Christ ils prolongent son action et celle du Père après al glorification , la morte et al résurrection du fils. C’est pourquoi une fois que le Fils n’est plus là dans al mesure où ils demeurent enracinés en lui ils obtiendront du Père tous ce qu’ils demanderont en son nom. Cette affirmation reprend ce que Jésus avait déjà annoncé à ses disciples précédemment au cours du même entretienen Jn 14,13-14:

« et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, , afin que mon Père soit glorifié dans le Fils . Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi je le ferai.»

Apparemment il y une petite différence puisque dans notre texte ce n’est plus Jésus mais le Père qui répond aux demandes des disciples faite au nom de Jésus. Mais cette différence de formulation souligne surtout les progrès des disciples dans l’intimité du Père et du Fils. Désormais ils sont capables de comprendre que l’action du Père et du Fils sont indissociables.

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