MEDITATIONS

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CYRILLE DE JÉRUSALEM 



L’ ACTION DE L’ESPRIT

 

Revenons aux Écritures, buvons l’eau de nos coupes et la source de nos puits, buvons “l’eau vive qui jaillit en vie éternelle”. Le Sauveur employait cette expression à propos de “l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui”. Pour quelle raison appelle-t-il "eau" la grâce de l’Esprit ? Parce que l’eau donne leur cohérence à tous les corps, parce que l’eau fait pousser l’herbe et donne la vie, parce que l’eau des pluies tombe du ciel, parce qu’elle tombe sous une forme unique, et produit des effets divers. Une seule source, en effet, arrose tout le paradis et la même pluie descend sur le monde entier : elle devient blanche dans le lis, rouge dans la rose, mauve dans la violette et les iris, de couleurs différentes et panachées dans certaines fleurs. Elle est autre dans le palmier et autre dans la vigne, et pourtant elle n’a qu’un aspect et ne se laisse pas voir différente d’elle-même.


Il en est ainsi de l’Esprit-Saint : Il est unique, simple, indivisible, et cependant, il répartit sa grâce à sa guise. Et de même qu’un bois sec, mis en contact avec de l’eau, produit des rejetons, ainsi l’âme pécheresse que la pénitence rend digne du Saint-Esprit, porte des grappes de justice. Quoique simple, par l’ordre de Dieu et au nom du Christ, il produit des vertus multiples. Chez l’un, il met la langue au service de la Sagesse, chez l’autre, il éclaire par la prophétie. À celui-ci, il donne le pouvoir de chasser les démons, à celui-là d’interpréter les divines Écritures ; chez un autre, il fortifie la chasteté, à tel autre, il apprend la miséricorde envers les pauvres. Il enseigne ici le jeûne et l’ascèse, et là, le mépris des biens matériels, tandis qu’il prépare cet autre au martyre. Divers selon la diversité des hommes, il reste identique à lui-même, ainsi qu’il est écrit : “Tout cela est opéré par l’unique et même Esprit qui distribue à chacun selon sa volonté”.


Paisible et douce est sa présence, agréable et savoureuse la perception qu’on en a, très léger est son joug. Avant sa venue, étincellent des rayons de lumière et de science. Lorsqu’il se montre, c’est avec les entrailles d’un vrai Père : il vient sauver, guérir, enseigner, conseiller, fortifier, éclairer l’intelligence, d’abord de celui qui le reçoit, puis des autres aussi, par son intermédiaire. De même que celui qui est d’abord dans les ténèbres, puis regarde soudain le soleil, en reçoit la lumière par ses yeux et discerne distinctement ce qu’il ne voyait pas auparavant, ainsi celui qui s’est rendu digne du don du Saint-Esprit voit son âme illuminée et discerne, d’une façon qui dépasse les possibilités humaines, ce qu’il ne connaissait pas auparavant. Il est sur terre par son corps, et son âme voit les cieux comme dans un miroir. L’homme est enclos dans des murs, mais pourtant la puissance de sa science s’étend au loin, au point qu’il voit même ce que font les autres.

 

16e catéchèse baptismale, 11, 12, 16. PG 33, 932-941