Partagez cette page
Samedi 17 mai
5e semaine du temps Pascal
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Jn 13, 31-33a.34-35
Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples,
quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara :
« Maintenant le Fils de l’homme est glorifié,
et Dieu est glorifié en lui.
Si Dieu est glorifié en lui,
Dieu aussi le glorifiera ;
et il le glorifiera bientôt.
Petits enfants,
c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous.
Je vous donne un commandement nouveau :
c’est de vous aimer les uns les autres.
Comme je vous ai aimés,
vous aussi aimez-vous les uns les autres.
À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples :
si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
Nos oreilles en sont rebattues. Nous ne le savons que trop, le but de nos vies est d'aimer. Cela paraît si simple, si limpide et pourtant, nous y arrivons mal. Peut-être faudrait-il nous redire plus précisément ce que cela signifie. Jésus dit : "aimez vous les uns les autres, comme je vous ai aimés." Comment nous a-t-il aimés ? En lavant les pieds de ses disciples, en prenant la place du serviteur en toutes circonstances, pour ne pas être en surplomb, mais à hauteur de pied, à hauteur d'enfant, à hauteur de celui qui peut être rejoint sans crainte, d'où ne sort aucune menace et qui ne provoque aucune peur. Ainsi, Jésus vit dans une relation ouverte avec quiconque et cette ouverture est un lieu de passage pour l'amour dont l'élan le traverse et sur lequel il ne veut pas mettre la main, y compris dans sa propre mort. Il a à notre égard un amour de vivant, un amour de ressuscité, un amour qui ne peut mourir. C'est de cet amour-là que nous sommes appelés à aimer ! J'aime cet appel !
Commencer par lire le texte à haute voix.
Puis reprendre un verset, ou simplement un mot et le répéter toujours à haute voix en le laissant porter par le souffle.
Il s'agit de laisser passer cette parole, dans un premier temps, de l'intellect au coeur.
Ainsi ruminée, elle vient germer au profond de nous-même.
Rester dans cette rumination pendant un temps assez long. Cela débouchera peut-être sur du silence.
Il peut y avoir une prière spontanée ou non (comme par exemple le psaume proposé dans la liturgie du jour) qui monte de nos lèvres.
Rester dans cette communion de parole tout au long de nos échanges, de nos activités afin qu'elles soient nourries par cette inspiration.
C'est là proprement la lectio divina.
Ensuite, il est toujours possible de la commenter.
N'hésitez pas à partager les commentaires que vous écrirez.
Petits conseils pour la lectio divina
"Faites attention à comment vous lisez"
La lectio divina se donne au contraire pour but de comprendre en profondeur le texte. C’est donc une lecture qui demande un effort. On pourrait se demander la raison de cela. Dans la manière moderne d’envisager la communication, on considère que si celui qui met un message est crédible et que si le message est de qualité, il atteindra son but quel que soit l’attitude de celui qui reçoit le message. Or il n’en est pas ainsi pour la parole de Dieu et c’est ce que montre bien l’explication de la parabole du semeur. J’en donne ici le texte dans la formulation selon saint Matthieu qui me semble la plus claire : « Vous donc, écoutez ce que veut dire la parabole du semeur ; quand quelqu’un entend la parole du Royaume sans la comprendre, le mauvais survient et s’empare de ce qui est semé dans son cœur : celui-là c’est le terrain ensemencé au bord du chemin. Celui qui a reçu la semence sur un sol pierreux, c’est celui qui entend la Parole et la reçoit aussitôt avec joie ; mais il n’a pas de racine en lui, il est l’homme d’un moment : quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il trébuche aussitôt. Celui qui a reçu la semence dans les ronces, c’est celui qui entend la Parole ; mais le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent la Parole, qui ne donne pas de fruit. Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la Parole et la comprend : il porte fruit à raison de cent ou soixante ou trente pour un. »
D’après ce texte, la Parole est la même pour tous et tous l’ont entendu. Pourtant la parole n’est profitable que pour les derniers ceux qui ne l’ont pas seulement entendue mais comprise.
Qu’est-ce que la lectio divina? C’est d’abord une manière de lire. Mais me direz-vous nous savons tous lire. À vrai dire j’en doute parfois quand je lis sur les réseaux sociaux les commentaires souvent d’ailleurs très négatifs de certains articles qui montrent le plus souvent que l’auteur du commentaire n’a lu que le titre de l’article en question, au mieux les premières lignes, et qu’en tout cas, il n’a rien compris au propos de l’auteur de l’article. La lecture sur écran telle que nous la pratiquons quotidiennement consiste souvent à saisir le plus rapidement possible une information et non pas à chercher à comprendre la pensée d’un auteur.
L’ enjeu de la lectio divina n’est pas donc de lire la Parole mais de la comprendre. Mais que signifie comprendre la Parole. Je pense que la parabole du semeur nous donne des précieuses indications. Pour comprendre la Parole il convient de la laisser prendre racine en nous. La lectio divina doit donc être une lecture qui prend son temps, qui ne soit pas trop rapide de peur que la Parole ne soit comme le grain semée au bord du chemin. Elle implique un effort quotidien jour après jour sans se décourager pour qu’elle prenne vraiment racine. Elle suppose qu’on lui réserve un temps propre où l’on ne fasse pas autre chose de peur qu’elle ne soit étouffée par les autres activités. Bref il nous faut faire attention à la manière dont nous lisons pour paraphraser la parole que saint Luc place dans la bouche de Jésus s’adressant aux disciples après leur avoir dit la parabole du semeur : « Faites attention à la manière dont vous écoutez ».
Fr. A. Frédéric