Méditation du jour

Méditation du dimanche 2 avril

Une parole


Comme Jésus entrait à Jérusalem, toute la ville fut en proie à l’agitation, et disait : « Qui est cet homme ? »



Un regard


Au début de l’évangile selon saint Matthieu, à l’annonce par les mages venus d’Orient d’un nouveau roi des juifs, Jérusalem est troublée. Lorsque l’enfant adoré par les mages fait enfin son entrée dans Jérusalem sous les acclamations de la foule, dans ce qui ressemble à une intronisation royale, Jérusalem est de nouveau en proie à l’agitation ou, plutôt, elle est secouée, elle tremble puisque le verbe grec ici utilisé seiô est celui qu’on utilise pour décrire les tremblements de terre et qui a donné en français le mot « séisme ». D’ailleurs, ce verbe sera de nouveau employé au moment de la crucifixion de Jésus pour décrire le tremblement de terre qui l’accompagne et, de nouveau au moment de la visite des femmes au tombeau, il y aura un grand tremblement de terre (seismos) qui laissera apparaître le tombeau vide. Le séisme qui secoue Jérusalem à l’entrée de Jésus est comme une préfiguration du grand séisme de la résurrection. De la même manière, la question que posent les habitants de Jérusalem à l’entrée de Jésus : « Qui est cet homme ? » trouve sa réponse partielle dans la déclaration des soldats au moment du tremblement de terre qui accompagne la mort de Jésus : « Vraiment celui-là était Fils de Dieu. » puis celle définitive dans la déclaration de Jésus qui clôt l’évangile selon saint Matthieu : « Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » Vraiment, Jésus est l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, qui vient nous visiter, nous secouer dans l’ordinaire de nos vies, qui vient mourir avec nous pour nous ouvrir la possibilité d’une nouvelle naissance.



Une prière


Seigneur Jésus, Toi l’Emmanuel qui nous accompagne dans tous les moments de notre vie.


Seigneur Jésus, toi qui es entré à Jérusalem sous les acclamations de la foule, loué sois-tu pour les temps de joie et de fête, aide-nous à les vivre en plénitude et en communion avec ceux que nous aimons.


Seigneur Jésus, toi qui es mort sur la croix, soutiens-nous dans les temps d’épreuves et de détresses, aide-nous à supporter les insultes et les injustices sans répliquer au mal par le mal. 


Seigneur Jésus, toi qui es ressuscité d’entre les morts, aide-nous à nous relever et à nous tenir debout malgré nos échecs et nos désillusions et à laisser vide le tombeau de nos regrets.

 


Une parole


Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé.



Un regard


Le verbe obéir est dérivé du verbe latin oboedire qui est un composé de audire écouter. L’obéissance prend sa racine dans l’écoute, comme l’a bien vu saint Benoît qui accorde une grande importance à l’obéissance et qui commence sa règle par une invitation à l’écoute, comme le montre aussi ce passage du troisième chant du serviteur. Après avoir souligné que le Seigneur l’éveille à l’écoute, le serviteur souligne qu’il n’a pas adopté les deux attitudes contraires à l’obéissance que sont d’une part la révolte, le refus d’obéir à un ordre et, d’autre part, la dérobade qui consiste à ne pas contester l’ordre qui nous est donné mais à ne rien faire de ce qui nous est demandé. Souvent la révolte et la dérobade proviennent d’un défaut de l’écoute. Nous nous révoltons parce que nous croyons écouter autre chose derrière l’ordre qui nous est donné : nous supposons des intentions, des arrière-pensées qui n’y sont pas vraiment. Nous nous dérobons parce que nous n’écoutons que d’une oreille distraite, parce que nous n’avons pas compris ce qui nous était demandé et que nous n’osons pas faire remarquer notre inattention en demandant de répéter.



Une prière


Prions le Seigneur notre Dieu pour qu’il nous aide à l’écouter et à lui obéir.


Seigneur, ouvre les oreilles de notre cœur pour que nous entendions les ordres et les conseils que tu nous donnes par l’intermédiaire de nos frères et sœurs en humanité.


Seigneur, aide-nous à purifier notre écoute, qu’elle ne soit pas encombrée par nos préjugés et que nous ne cédions pas à la tentation de la révolte. 


Seigneur, donne-nous une écoute vraiment attentive pour que nous comprenions vraiment ce que tu nous demandes et que nous le mettions en œuvre sans nous dérober.

 


Une parole


Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes.



Un regard


Dane cet hymne de la lettre aux Philippiens, « s’anéantir » traduit le verbe grec « kenoô » qui signifie littéralement « se vider ».  Pour devenir semblable aux hommes, le Christ Jésus s’est vidé, vidé de cette plénitude de vie qu’est la condition divine pour venir habiter la condition humaine dans sa pauvreté.  Et il nous invite aussi à nous vider de toutes nos prétentions, de toutes nos fausses richesses, nos fausses certitudes que nous accumulons et par lesquelles nous entendons combler le manque qui caractérise notre condition humaine. En effet, ces comblements artificiels se révèlent non seulement insatisfaisants et inutiles mais même dangereux car ils nous mettent dans l’illusion d’une plénitude et d’une toute-puissance. Il nous faut, au contraire, à l’image de Jésus, nous vider pour faire de la place à l’amour du Père qui peut seul nous combler.



Une prière


Prions le seigneur Jésus qui s’est vidé pour devenir semblable à nous. 


Seigneur, apprends-nous à ne pas avoir peur du vide, de l’ennui, à ne pas toujours remplir notre temps par des activités, à ne pas être obsédés par l’efficacité.


Seigneur, apprends-nous à ne pas avoir peur du vide, du manque, à ne pas toujours satisfaire notre soif de consommation, notre désir de biens matériels.


Seigneur, apprends- nous à ne pas avoir peur de l’impuissance, à ne pas vouloir toujours tout contrôler, tout maîtriser dans notre vie, accepter l’autre dans son imprévisibilité.

 

(proposé par le Fr. Antoine-Frédéric)





Méditation du samedi 1er avril



 

Une parole


Les grands prêtres et les pharisiens réunirent donc le Conseil suprême ; ils disaient : « Qu’allons-nous faire ? Cet homme accomplit un grand nombre de signes. Si nous le laissons faire, tout le monde va croire en lui, et les Romains viendront détruire notre Lieu saint et notre nation. »



Un regard


Ce compte-rendu de la réunion du Sanhédrin qui décide de la condamnation de Jésus est typique du style de l’évangéliste saint Jean, de ce que l’on appelle parfois l’ironie johannique. Les personnages tiennent des propos auxquels ils attribuent un sens mais qui ont, en fait, un autre sens qu’ils ne comprennent pas eux-mêmes et qui les dépassent. Ainsi, lorsque les membres du Sanhédrin évoquent la destruction du Lieu saint et de la nation, ils pensent au Temple de Jérusalem et aux institutions de la nation juive qu’ils croient être mis en danger par Jésus et ceux qui croient qui en lui au cas où les Romains interviendraient pour réprimer ce mouvement populaire. De fait, lorsque saint Jean rédige son évangile après l’an 70 de notre ère, le Temple de Jérusalem a été détruit. Mais ce dont les membres du Sanhédrin ne se rendent pas compte, c’est qu’eux-mêmes ils vont livrer aux Romains pour sa destruction le véritable sanctuaire qu’est le corps de Jésus et que pour obtenir sa condamnation ils vont renier eux-mêmes leur nation en proclamant devant Pilate qu’ils n’ont d’autre roi que César. 



Une prière


Prions notre Seigneur Jésus pour son corps qu’est l’Église.


Seigneur Jésus, donne-nous de plus nous soucier de la proclamation de la foi que de la préservation de l’institution ecclésiale.


Seigneur, donne-nous de comprendre que les véritables sanctuaires ne sont pas les églises de pierres dans lesquelles nous nous rassemblons mais les corps de chacun d’entre nous qui sont les temples de l’Esprit Saint.


Seigneur, montre-nous que les véritables dangers qui menacent l’Église ne viennent pas d’ennemis extérieurs qui voudraient la détruire mais de notre péché et de notre manque de foi qui nous amènent à Te renier pour préserver nos intérêts.

 


Une parole


Je les rétablirai, je les multiplierai, je mettrai mon sanctuaire au milieu d’eux pour toujours. Ma demeure sera chez eux, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple.



Un regard


Au temps de l’exil à Babylone, alors que les deux royaumes d’Israël et de Juda ont disparu, que leurs populations ont été en partie déportées, que le Temple de Jérusalem a été détruit, que la perspective d’une restauration à la fois nationale et religieuse semble bien lointaine,  le prophète Ézékiel délivre un message d’espérance : il prophétise la réunion de tous les exilés en un royaume unique placé sous le commandement d’un roi Messie descendant de David et de Jacob où sera établi pour toujours le lieu sanctuaire, le lieu de la présence définitive de Dieu parmi les hommes. Pour l’évangéliste saint Jean, c’est Jésus qui, par sa mort et sa résurrection, réalise cette prophétie. En mourant, il attire à lui tous les hommes et ramène à lui les fils d’Israël dispersés ; le nouveau sanctuaire de Dieu n’est autre que son corps du côté duquel jaillissent l’eau et le sang.



Une prière


Prions le Seigneur, mort et ressuscité pour faire de nous son peuple.


Seigneur Jésus, ressuscité tu es toujours parmi nous, donne-nous de manifester ta présence par notre charité fraternelle.


Seigneur Jésus, tu as rassemblé dans ton Église des croyants venus de tous les peuples, donne-nous de faire une place dans nos assemblées aux étrangers, aux immigrés, aux exilés.


Seigneur Jésus, tu as fait de nous ton peuple, donne-nous de suivre ton exemple et d’aimer jusqu’à la croix.


(proposé par le Fr. Antoine-Frédéric)





Méditation du vendredi 31mars



Une parole


« J’ai multiplié sous vos yeux les œuvres bonnes qui viennent du Père. Pour laquelle de ces œuvres voulez-vous me lapider ? »



Un regard


Dans la loi de Moïse, la lapidation était un châtiment prévu pour sanctionner d’une manière exemplaire une faute grave et caractérisée contre la Loi, telle que l’adultère. Pour justifier le recours à la lapidation, le Livre du Deutéronome « Tu ôteras le mal du milieu de toi. » Jésus n’a fait aucun acte qui justifie qu’il soit lapidé et, d’ailleurs, ce n’est pas pours ses actes que les Juifs le poursuivent mais pour ses déclarations qu’ils considèrent être blasphèmatoires. Or, là encore, Jésus n’a pas blasphémé au sens strict du terme ; il n’a pas dit du mal de Dieu mais a affirmé sa proximité avec Dieu, et même suggéré sa nature divine. Et les œuvres que Jésus a réalisées, qui sont consignées dans l’évangile selon saint Jean – la transformation de l’eau en vin aux noces de Cana, la guérison du paralytique à la piscine de Bethzatha, celle de l’aveugle de naissance, le partage des pains et des poissons à la foule – attestent de la faveur divine dont dispose pas Jésus. Dieu est avec Jésus et ne semble nullement s 'offusquer de sa prétention à être son Fils. Qui sont donc les Juifs pour se mettre à la place de Dieu et le défendre comme si les prétentions de Jésus étaient insultantes pour Dieu ? Mais, avouons-le, nous leur ressemblons un peu lorsque nous sommes prompts à condamner sur les réseaux sociaux quelqu’un pour des propos sortis de leur contexte, alors même que nous pouvons fermer les yeux sur ceux qui font le mal en secret.



Une prière


Prions notre Seigneur Jésus qui multiplie pour nous les bonnes œuvres qui viennent du Père.


Seigneur, soutiens tous ceux qui s’efforcent de faire le bien à ton exemple en pratiquant la charité envers leur prochain en luttant pour plus de justice et de paix. Défends-les contre les attaques malveillantes de ceux que leurs actions dérangent.


Seigneur, préserve-nous de la tentation de condamner trop rapidement une personne pour un propos qu’elle a tenu sans vérifier si elle a bien dit cela ou dans quelles circonstances elle l’a dit.


Seigneur, donne-nous de ne condamner que ceux qui font le mal, surtout ceux qui abusent d’une position d’autorité pour opprimer des victimes innocentes.

 


Une parole


Chantez le Seigneur, louez le Seigneur : il a délivré le malheureux de la main des méchants.



Un regard


Alors que Jérusalem, révoltée contre Nabuchodonosor, était assiégée par les troupes babyloniennes, la position du prophète Jérémie était des plus inconfortables. Hostile à la révolte dont il avait annoncé qu’elle ne serait qu’une aventure sans lendemain, il devait passer pour beaucoup des assiégés comme « un collabo » prêt à se rendre à l’ennemi.  On comprend l’hostilité générale à son égard, même de la part de ses anciens amis. Rejeté par tous, le prophète place son espérance en Dieu et trouve même la force de louer Dieu qui délivre le malheureux.  La confiance de Jérémie dans le Seigneur annonce celle de Jésus en son Père lors de sa Passion et sa prophétie sur la délivrance du malheureux peut être lue comme une annonce de la résurrection.



Une prière


Louons notre Seigneur qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts.


Seigneur, viens délivrer tous les croyants qui sont persécutés à cause de leur foi et qui mettent leur espérance en toi.


Seigneur, viens délivrer toutes les victimes innocentes qui sont maltraitées par des personnes qui abusent de leur autorité.


Seigneur, viens délivrer tous ceux qui sont calomniés en raison de leur combat pour la justice et la vérité.



(proposé par le Fr. Antoine-Frédéric)