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Question 11
Je m'interroge sur la manière de se confesser. Suivez-vous un modèle pratique ? Faites-vous entrer vos péchés dans la liste des péchés capitaux, gourmandise, colère etc. afin de parler même langage avec le confesseur ? Attendez-vous que le prêtre vous questionne plus en détail
? Vous donne des conseils spirituels ? Préférez-vous être entendu par le même confesseur ou est-ce indifférent ?
Ce sont quelques questions d'une longue liste ! Merci à l'avance pour vos réponses. (Nathalie)
Réaction 1
Bonjour Nathalie,
N'étant pas familière des réseaux sociaux,c' est un peu délicat ,pour moi de communiquer ainsi sans connaître mon interlocutrice ! je vais essayer de réagir à la question 11 de votre rubrique !
Si l'on admet que pécher- selon le grec, se traduirait par : manquer la cible force est de reconnaître que "nous manquons la cible "souvent..dans nos attitudes, nos actes,nos pensées au quotidien ..
Qu'est-ce que la confession pour chacun et, pour tous ? son origine et , pourquoi se confesser ?
La confession , pour moi est de l'ordre de la remise de soi , reconnaissance de notre fragilité devant Dieu, par l’intermédiaire d'un autre auquel nous disons,nous articulons (l'acte de pouvoir dire me semble important ) nos "manquements",nos erreurs qui...bien souvent se reproduisent!.
Ce dialogue va nous aider pas à pas au fil des jours à mieux percevoir nos difficultés .
Le "confesseur" est partie prenante ,son écoute est active , pourrait-on dire 'sacramentelle', qu'il soit un confesseur régulier ou occasionnel.
C'est de l'ordre de l'ouverture du coeur ( Règle de Saint Benoît). c'est très large et nous aide à grandir dans notre vivre ensemble et, quelque soit notre état de vie d’avancer dans la foi avec ,pas à pas ,une acceptation plus profonde de nos limites.
Marie-France
Réaction 2
Le journal La Croix offre de nombreux textes courts sur la confession
(ici en ligne et gratuit).
https://www.la-croix.com/Religion/se-confesser-confession
dont celui-ci qui est davantage un dialogue pénitentiel.
https://www.la-croix.com/Definitions/Sacrements/Trois-conseils-confesser-autrement-2018-08-29-1700964706
Ce dialogue commence en remerciant Dieu pour son aide quand nous faisons de bonnes actions. Puis nous parlons de ce qui nous met mal à l’aise dans notre comportement, nos sentiments etc, sans besoin de nommer clairement les péchés. En conclusion : "Je me remets une fois encore sous la Croix, sous cette puissance qui m’a baptisé pour qu’une fois encore elle me reprenne en main."
Je me demande cependant : le confesseur ne sera-t-il pas surpris d'entendre le pénitent commencer par louer Dieu de ses bonnes actions ? (Nathalie)
Question 10
Dans le credo, comment expliqueriez-vous l'apparente contradiction entre "Je crois enun seul Seigneur, Jésus Christ..." et "Je crois en l’Esprit Saint,qui est Seigneuret qui donne la vie... ?"
(Nathalie)
Réaction 1
Le terme "Seigneur" (kyrios) dans le Nouveau Testament, comme dans la tradition postérieure, désigne Dieu lui-même. C'est pourquoi, dans la foi chrétienne, il est appliqué tant au Père, qu'au Fils et à l'Esprit qui sont une même subsance en trois personnes. Ainsi, il n'y a pas vraiment de contradiction à reconnaître un seul Seigneur en Jésus-Christ, comme à croire que l'Esprit Saint est Seigneur.
(Fr. Jean-Pierre)
Réaction 2
«Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie » Si "Seigneur" marque qu'il est une Personne de la Trinité, "donne la vie" n'est pas un caractère propre à l'Esprit. Le Père et le Fils donnent la vie eux aussi. Ce caractère vivifiant est peut-être précisé dans le credo par rapport à la Rédemption et plus précisément à ce qui est advenu lors de la Pentecôte (et ne s'achèvera qu'à la fin des temps). L'Esprit poursuit la Révélation. L'Esprit nous guide vers la vie des enfants de Dieu. (Nathalie)
Réaction 3
Pour moi , je ne vois pas une opposition, mais plutôt un "partenariat" .
La Trinité est complexe, mais il est évident que notre condition humaine a besoin de ces trois personnes pour accéder à la sainteté.
Dieu me semble parfois inatteignable, mais un lieu de douceur et d'empathie qui me rassure. Jésus est celui par qui j'ai la connaissance de Dieu. Le Père qui grâce au Fils me rejoint dans mon quotidien .
L'Esprit Saint est celui qui me guide sur ce chemin très caillouteux. Celui qui libère ma parole, celui qui me guide vers les autres en justesse et avec amour. C'est en cela qu'il "donne la vie" . (Dominique)
Réaction 4
L’Esprit se manifeste aussi au moment de l'eucharistie où il donne la vie avec puissance.
Il n'y a pas trace de l'eucharistie dans le credo. On passe de "Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme." à "Crucifié pour nous sous Ponce Pilate,..." sans que soit mentionnée la Cène.
Mais l'unité est partout présente. Les trois Personnes de la Trinité : Je crois en un seul Dieu... L’Église unie dans le Seigneur : Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique. avec sa mission apostolique qui concerne tous les hommes. J’attends la résurrection des morts : les morts participent à l'unité eux aussi. (Nathalie)
Réaction 5
Texte de Henri de Lubac, proposé par Suzanne S.
La structure est ternaire, parce que la substance est trinitaire. La foi du chrétien est foi au Dieu unique en trois personnes. Qu'on se rappelle la finale de l'évangile selon Matthieu : " Allez , de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit". "Nous avons reçus le baptême, dira saint Irénée au deuxième siècle, au nom de Dieu le Père, et au nom de Jésus-Christ le Fils de Dieu , incarné, mort et ressuscité, dans l'Esprit-Saint de Dieu"; ce sont là " les trois articles principaux de notre baptême" , c'est " la base de l'édifice et fondement de notre salut" .Le chrétien fait en réalité ce qu'Abraham, au dire de Saint Ambroise, fit en image "lorsqu'il vit trois personnes et adora un être unique ".
C'est en agissant pour nous, c'est en nous appelant à lui que Dieu, qui nous a faits pour lui , s'est fait connaitre, et notre foi est réponse à son appel.
Petite introduction au symbole des apôtres . Cardinal Henri de Lubac
Texte d'Henri de Lubac
La Foi Chretienne.
Il exite une espèce de pénétration réciproque entre le 'croire en ' et le 'croire que '.
'Credo in et credo quod' sont unis en un seul et même acte. Autrement dit la foi personnelle est en même temps, de toute nécéssité , foi objective, croyance. Pour exister , il lui faut se nourrir de cette croyance. "L'obéissance de la foi " , comme dit Saint Paul, ne va pas sans une adhésion intellectuelle à une série de croyances, celles-là mêmes qui, dans le Credo , accompagnent la mention de chacune des trois Personnes . Foi et croyance, --foi et religion : ces deux couples de
notions sont étroitement liés.
Notre foi elle- même, en effet, est adhésion à cette Parole de Dieu qui, pour se dire et se faire entendre de nous, se fragmente en s'objectant, et c'est ainsi seulement que nous la rejoignons dans son unicité.
L'Ecriture ne connait pas cet être de raison que serait la foi sans croyances. Qu'on se reporte, par exemple à la " prière sacerdotale" de Jésus, telle que la rapporte le quatrième évangile : "Maintenant, dit Jésus à son Père en parlant de ses disciples, ils ont connu que tout ce que tu m'as donné vient de toi....Ils ont reconnu que je suis sorti d'auprès de toi et ils ont cru que c'est toi qui m'as envoyé."
Citons par exemple la formule de Bossuet dans le cathéchisme du diocèse de Meaux : "Qu'est-ce que la Foy _c'est une vertu et un don de Dieu par lequel nous croyons en Luy et tout ce qu'il a révélé à son Eglise."
Foi, croyance et religion .....Cardinal Henri de Lubac.
(proposé par Suzanne)
Question 9
Engendré non pas créé,
consubstantiel au Père ;
et par lui tout a été fait.
Par lui ?
Est-ce le Fils seul qui a créé le monde ? »
(Question proposée par Nathalie)
Réaction 1 : Ces quelques mentions sont tirées du credo de Nicée-Constantinople, du nom des deux conciles qui, au 4ème siècle ont précisé la foi chrétienne en termes « philosophiques » .
Il s’agit dans ces incises de caractériser certaines marques de celui qui est nommé par ailleurs "Fils de Dieu" et que l’on reconnaît en la personne de Jésus.
Pourquoi dire que « par lui, tout a été fait » : le Fils et le Père sont un, comme le dit l’évangile de saint Jean. Ils sont mus par un même souffle, un même esprit (c'est le même mot). Le Fils est l’expression du Père, il est sa Parole, il est sa manifestation dans l’ordre de la création. En prononçant sa Parole, Dieu le Père crée par elle tout ce qui existe ; il donne « corps » par sa Parole. Et cette Parole revient à lui en forme de reconnaissance, une fois l’oeuvre accomplie dans la mouvance de l’Esprit, du Souffle qui porte la Parole en tout ce qu’elle fait. C’est ainsi que l’on peut dire que par le Fils, par le Verbe, par la Parole, tout a été fait : elle a accompli l’oeuvre du Père et nourrit la relation avec le Père qui par sa « Parole » et dans leur Souffle la rejoint sans cesse, l’appelle, la transforme, l’accompagne. Cette parole devient pour la création Chemin, Vérité et Vie. C’est ainsi que l’on peut dire que « Par le Fils, tout a été fait. »
Cette manière de parler utilise évidemment des images liées à l’expérience humaine de la parole et du souffle. Mais elle définit assez bien la relation ternaire que l’on peut considérer dans le principe vital : une source originelle tel un destinateur (pour reprendre des termes de linguistique), une émission de parole performative et un vecteur qui porte le message ainsi que sa réponse. C’est cela qui caractérise le créé, le vivant : venant de plus grand que lui-même, portant une parole, un langage en vue d’une relation vivante et porté par un souffle unificateur : en d’autres termes, un père, un fils et un souffle commun aux deux.
Ainsi on peut le dire : « Tout a été fait par le Fils comme Parole vivante et performative du Père, portée par leur souffle commun » (Frère Jean-Pierre)
Réaction 2 :
"Le Fils est l’expression du Père, il est sa Parole, il est sa manifestation dans l’ordre de la création."
Cela signifierait que le Fils n'est une Personne de la Trinité qu'au moment de la Création ? (Nathalie)
Réaction 3 :
Non, car il y a en Dieu du vivant ternaire, dans sa nature même : le Père livre tout en son Fils par amour, le Fils est son expression, sa Parole, qui ne garde rien pour lui-même et lui retourne toujours tout dans le même élan d'amour au souffle de l'Esprit. C'est ce que veut signifier le terme "personne" qui, se définit essentiellement par sa capacité relationnelle. Au moment de la création, le Fils, sous mille formes devient la manifestation visible du Père, comme Parole créatrice, comme Parole de salut, comme Parole d'Alliance, comme Oint, comme Messie en la personne du Roi, du Prophète, du Prêtre,comme Jésus, dans la perfection de la manifestation filiale et finalement comme peuple rassemblé en un seul Corps, le corps du Christ, le corps messianique appelé à participer à la nature divine. (fr. Jean-Pierre)
Réaction 4
La Personne du Père décidant par sa volonté libre de créer le monde exprime cette volonté par sa Parole qui est le Fils. "Par lui" signifierait alors que la Création est l’œuvre du Fils en tant qu'il fait "toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre" comme le dit saint Paul ? Qu'il crée physiquement ce qui a été voulu par le Père ? (Nathalie)
Réaction 5
Le Père est donateur de toutes choses , mais la création n’est-elle pas accessible par le Fils dans la mesure où le Christ révèle à tout homme sa filiation divine ? Dieu créa l'homme à son image. (Genèse). (Pierre)
Réaction 6
Nous distinguons en Dieu, le Père, le Fils et l'Esprit, mais il faut sans cesse se rappeler que même si ces réalités sont bien réelles, elles caractérisent avant tout des relations et des fonctions divines. Il est donc important malgré ces distinctions, de tenir l'unité divine en une seule substance. Si bien que lorsqu'on parle de l'oeuvre du Père, c'est aussi l'oeuvre du Fils portée par leur souffle commun. Parmi ces fonctions, le Fils donne corps à ce qui est dans la pensée divine et accompagne cette création "physique" jusqu'à prendre chair. Et du coup, nous pouvons percevoir toutes choses de la création à travers cette filiation du Christ rendue accessible à notre humanité. (fr. Jean-Pierre)
Réaction 7
Par la Création, Dieu donne à l'homme la vie physique et la vie spirituelle. On entend cette puissance de vie dans la suite du credo, à propos de l'Esprit Saint, troisième Personne de la Trinité : "il est Seigneur et il donne la vie." L’Esprit participe à la Création et à la Rédemption. Pour autant, on ne dit pas de lui : "et par lui tout a été fait."
Cette insistance sur la fonction créatrice du Fils semble liée à l'Incarnation. Le Fils reprend l’œuvre de la Création entachée tout entière par le péché d'Adam. Par lui tout a été fait précède "Pour nous les hommes..." Rançon d'un homme créé à l'image de Dieu, nous avons nous aussi une volonté à l'image des trois Personnes de la Trinité. Peut-on dire que dès la Création, le Fils créateur savait qu'elle contenait aussi la Croix où il mourrait ? (Nathalie)
Réaction 8
Dieu Père crée par sa Parole, expression parfait de son être et donnant corps à la matière, aux plantes, aux animaux et aux êtres humains, avant même que ces derniers ne viennent à vouloir vivre sans tenir compte de Dieu. Donc le rôle de la Parole n'est pas liée au point de départ au salut de l'homme pécheur. Mais cette Parole recrée en permanence, et chacun peut se confier en elle pour correspondre au projet de Dieu, y compris quand il s'est éloigné de lui. Cette recréation comporte la condition de l'abandon entre les mains du Père y compris dans les pires circonstances, comme celle de la Croix. En prenant notre condition, le Fils n'ignorait pas le risque qu'il y aurait pour lui à être mis à mal et éliminé, tellement la vie dont il est porteur s'oppose à l'autonomisation de chacun, sans Dieu. Comme Fils venu dans la chair, Jésus ne connaissait pas à l'avance toutes les circonstances de ce qui allait concrètement lui advenir et à plus forte raison, comme Parole sortie au commencement de la bouche du Très-Haut. Mais cette question a fait l'objet de nombreuses discussions théologiques où les points de vue divergent. (frère Jean-Pierre)
Réaction 9
On touche ici à beaucoup de Mystères dont celui de la Rédemption. Les questions sont donc plus nombreuses que les réponses et c'est bon signe. La Création s'achève par la création de l'homme (au sixième jour). L'homme est à l'image de Dieu aussi parce qu'il possède une volonté.
Sans volonté, il n'y a pas de liberté.
L'homme peut vouloir vivre uni à Dieu (comme Adam avant la Chute) mais parce qu'il possède une volonté, existe dès le commencement la possibilité que cette volonté veuille autrement (sinon c'est une fausse volonté).
Le rôle de la Parole pourrait donc être lié dès le départ au salut de l'homme pécheur. Il y a continuité immédiate entre : "et par lui tout a été fait." et "Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel;"
Par l'Incarnation, le Fils nous montre comment il vit dans la volonté du Père. La volonté du Père est le don de la vie éternelle à tous les hommes, dans le Royaume, Création parfaite. (Nathalie R.)
Cette page est destinée à pouvoir poser librement des questions sur la foi et les fondements théologiques de l'expérience chrétienne.
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La question et la réponse seront présentées dans les fichiers de renvoi.
Question 13
J'ai découvert, hier, une citation de Théophile Gautier que j'ignorais :
"Le hasard, c'est peut-être le pseudonyme de Dieu quand il ne veut pas signer."
On dit parfois que "le hasard fait bien les choses". Le charismatique que je suis aime l'expression "clin Dieu" quand le hasard paraît "trop énorme" pour n'être que le fruit du hasard...
Superstition ? Hérésie ? Autre ?
Avez-vous un avis sur la question ? Mais d'abord : vous intéresse-t-elle ?
(de la part d'Olivier)
Question 12
Dans le Credo, nous entendons et disons :
Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique.
Chaque mot a une signification et, me semble-t-il, engage à un certain comportement.
Par exemple, on pourrait dire :
Une parce qu'elle est le corps du Christ et toute division est à proscrire.
Catholique pour universelle et l'enfermement communautaire est un danger.
Apostolique car elle procède des Apôtres et la transmission est essentielle.
Et sainte ? (Nathalie)
Texte de Henri de Lubac
Proposé par Suzanne S.
Croire au plein sens du mot, tel qu"il se dégage à partir du symbole, c'est-à-dire croire d'une manière absolue , définitive, qui engage et oriente le fond de l'être , croire d'une telle foi, on ne le peut qu'en visant cet être personnel unique que nous appelons Dieu. Gardons-nous cependant d'opposer foi et croyance comme si l'une excluait l'autre.
Chaque nouveau baptisé, chaque chrétien tout au long de sa vie, et jusque dans l'assemblée liturgique, dit au singulier son Credo : " je crois " car il n'est pas d'acte plus personnel. Mais il le dit toujours dans et part l'Eglise, car lui-même, ne peut pas être un isolé.
Quel peut être ce "Je " qui dans l'élan de sa foi sans illusion et sans réserve adhère au Christ. Ce "Je " ne peut être que l'Eglise de Jésus-Christ.
"On ne progresse vraiment dans l'intelligence du Credo, que par approfondissement et explication, et non par addition".
" En nous donnant son Fils qui est son unique Parole, Dieu nous a tout dit et tout révélé ". Saint Jean de la Croix.
"La caractéristique essentielle de notre Credo est méconnue. Loin d'être une liste quelconque, il a un tout fortement constitué. Il a une structure. Ce n'est pas là simple question de forme littéraire. L'idée même de la foi chrétienne, dans son originalité propre, est liée, à la structure du symbole dans lequel cette foi a pris corps, et les conséquences qui s'ensuivent pour la pensée et pour la vie chrétienne sont capitales. Il importe donc essentiellement de reconnaitre et d'analyser cette structure."
Cardinal Henri de Lubac - La foi chrétienne- Essai sur la structure du symbole des apôtres.
Proposé par Suzanne
Je suis un MOOC sur le site du Collège des Bernardins au sujet de la mort. L’enseignant est un prêtre des Béatitudes : le P. Nathanël Pujos. Voici une réponse à une question qui nous a été posée : « La mort peut nous surprendre, mais il n’y a pas de « mort subite » pour Dieu : il sait l’instant de notre mort, il prépare chacun au salut durant notre existence terrestre, et nous rappelle au moment opportun. » Je suis extrêmement surpris par cette affirmation et particulièrement gêné par le verbe « rappeler ». J’ai une amie qui a vécu le drame de perdre un très jeune enfant accidentellement et je ne me vois pas lui dire que « Dieu l’a rappelé au moment opportun » ! Je serais très heureux d’avoir votre regard sur cette question.
(Olivier)
Réaction 1 : Cher Olivier, Je ne crois pas que la réponse à ta question puisse être de l’ordre d’une explication. Je crois que c’est par un chemin que tu la trouveras, ce sera dans une expérience de lumière. Comme point de départ, je te propose cette phrase de Jean (Jn 3, 16) : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a… », ou la 1ère lettre de saint Jean : "Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui" (1 Jn 4) Comment à l’intérieur même de notre condition humaine, quand nous perdons brutalement un enfant, pouvons-nous (y) découvrir l’amour de Dieu ? Est-il possible qu’avec la révolte, la protestation la plus forte (la plus légitime !), avec le cri si profond, soit aussi une action de grâce, une louange, une reconnaissance de son amour, un amour en nous ? A toi de voir ! je crois que c’est à trouver au lieu même de la révolte, càd de ton amour pour ton amie, du partage de l’amour pour son enfant, de l’amour qui est en toi pour ceux que tu aimes … Je suis un peu gênée de t’écrire ça sur un site public, comme si je donnais un enseignement. Non. C’est une expérience intime, la mienne, que je partage en cœur à cœur. Mais la rencontre est aussi pour être partagée et célébrée avec tous. Sibylle
Réaction 2 : Bonjour Olivier, La perte d'un enfant est un événement extrêmement violent. Je le dis par expérience, car en 1985 nous avons eu à vivre cette mort subite du nourrisson intra-utéro. Le monde s'écroule, le repli sur soi est un passage obligé. Mais qu'il est doux de se savoir aimé de Dieu dans ces moments-là. Le retour à la maison est une autre étape...! le silence s'installe, les voisins n'osent pas venir dans une maison où ils seraient venus avec joie voir ce petit être qui aurait du illuminer la maison. Et puis pour nous, la chance de connaître Dieu, de reposer cette question sans réponse :"pourquoi nous?" La chance d'avoir un ami prêtre qui a osé nous bousculer pour nous obliger à voir la lumière sur notre chemin. Une messe dite chez nous pour ce bébé (mais surtout pour nous) qui pour sa préparation nous a obligés à comprendre que ce petit être, est devenu un morceau de nous dans l'éternité. Dieu nous a offert cette liaison directe avec lui. Les voisins émus par notre témoignage lors de cette messe, sont revenus, ont recommencé par leur présence à faire de notre maison un lieu chaleureux et heureux. Merci ! Aujourd'hui notre petite Perrine est toujours notre morceau d'éternité. Nos enfants nés après, ont conscience de cela aussi et même si la religion les dépasse un peu, ils se savent aimés par un Dieu Amour et qui sait se manifester. Les épreuves, il y en a eu et il y en aura d'autres, mais une chose est sûre, n'abandonnons jamais celui qui souffre même si cela nous fait peur ou nous déstabilise. Une présence, une prière silencieuse est un soutien insoupçonné. Le texte qui nous a beaucoup rassurés sur l'accueil de Perrine auprès de Dieu est celui-ci: Isaïe 49, 15-18 ainsi que l'évangile de Jean 16, 16-24. Être là est ce qui me semble le plus important. Dominique
Réaction 3 : . La question d'Olivier, pour moi, ouvre à la "mise en œuvre" de notre foi. J'ai beaucoup hésité avant d'écrire ,c'est par la lectio partagée que je me suis sentie autorisée à le faire. Quelle force de foi ,de remise de soi dans le témoignage de Dominique , merci de nous le partager . La vie réserve bien des épreuves les traverser dans le Christ , ensemble, bien mystérieusement et, comme tu l'écris Dominique, le réconfort d'une présence silencieuse, la force de la prière et l'accueil de l'autre même si sa souffrance nous déstabilise..n'est-ce pas ce que nous essayons de vivre au monasterenumerique ? Marie-France
Réaction 4 : Merci Sibylle, merci Dominique, merci Marie-France pour vos messages. Je crois toujours en la force du témoignage ! Partager nos joies mais aussi nos peines, nos doutes, nos difficultés, peut permettre à un autre de faire un pas, d’avancer un peu plus loin, ou de modifier un peu sa route. J’aimerais néanmoins tenter de repréciser ma pensée : je ne me permettrais pas de dire que « je comprends la douleur de la perte d’un enfant » car je n’ai pas eu à vivre ce drame. En revanche, mes parents l’ont vécu car mon frère est décédé dans un accident de chasse à l’âge de 31 ans. L’homme qui l’a tué a tiré dans un angle interdit et il a reçu la balle dans l’œil, à 200 m de distance. Cela n’a jamais remis en cause ma foi. En revanche, je dois reconnaître que cela a renforcé l’athéisme de mes parents, du moins en apparence… car que se passe-t-il, véritablement, au fond de leur cœur, de leurs tripes ? Dieu seul le sait (sans mauvais jeu de mots…) ! Mais ce que je mettais en exergue dans ma question est la phrase : « (Dieu) il sait l’instant de notre mort, … (il) nous rappelle au moment opportun. » Je pense comprendre que Dieu « sait tout » et donc aussi le moment de notre mort. Mais je ne suis pas convaincu que la formule « Dieu nous rappelle » soit heureuse car là, Il ne se contenterait pas de « savoir », il déciderait et « agirait » en quelque sorte. C’est ce mot « rappeler » qui me gêne. Quand Jean-Paul II a été victime de l’attentat d’Ali Agca, il a déclaré : « C’est sa main qui tenait le révolver mais c’est Marie qui guidait son arme ! » C’est, pour moi, une phrase profondément maladroite, malheureuse, sinon monstrueuse. Marie n’aurait pas eu grand-chose à faire pour dévier la balle qui a tué mon frère... Je rends grâce que Jean-Paul II ait survécu à cet attentat. Je n’en veux toujours pas à Marie de ne pas avoir agi ni à Dieu d’avoir « rappelé » mon frère. Mais si je peux recevoir cela au creux de moi, je pense aussi que nous sommes une religion de la Parole, que les mots ont un sens, et que nous devons les utiliser avec la plus grande prudence lorsque nous les disons autour de nous. Il en va de notre relation à l’autre, au Tout Autre.
A vrai dire, ce n'est pas vraiment une question, c'est plutôt une proposition de présentation de la foi chrétienne.
Je souhaiterais beaucoup recueillir votre avis sur cette manière de présenter le dynamisme de la foi. C'est orthodoxe, je crois, mais c'est malgré tout une approche qui présente le sujet sous un jour particulier. Merci à l'avance. Fr. Jean-Pierre