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24 mars
Saint AUGUSTIN
NOTRE CHEMIN, C’EST LE CHRIST !
Il nous serait très difficile de garder le vrai chemin, le droit chemin, entre le désespoir à gauche, la présomption à droite, si le Christ n’avait dit : "Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie". C’est comme s’il nous avait dit : "Par où veux-tu aller ? Je suis le Chemin. Où veux-tu aller ? Je suis la Vérité. Où veux-tu demeurer ? Je suis la Vie". Marchons donc en toute sécurité sur ce chemin, mais à côté du chemin craignons les pièges. L’ennemi n’ose pas nous dresser des embûches sur ce chemin, car le Chemin, c’est le Christ ; mais à côté, il en dresse sans cesse.
Le Chemin, c’est le Christ humble ; le Christ Vérité et Vie, c’est le Christ élevé et Dieu. Si tu marches dans le Christ humble, tu parviendras au Christ élevé. Si toi, faible, tu ne méprises pas le Christ humble, tu demeureras plein de force dans le Très-Haut.
Quelle est en effet la cause de l’humilité du Christ, sinon ta faiblesse ? Car ta faiblesse était un obstacle grand et sans remède ; ce qui fit que vint vers toi un si grand médecin. Si ta maladie t’avait permis d’aller au médecin, ton mal t’aurait semblé supportable. Mais puisque tu n’as pu aller à lui, il est venu vers toi. Il est venu, enseignant l’humilité, ce chemin de retour, car l’orgueil ne nous permettait pas de revenir à la vie ; et c’est lui qui nous avait fait perdre la vie.
Car le cœur de l’homme s’était élevé contre Dieu. Il était enflé d’orgueil, et cette enflure même interdisait le retour par un étroit passage. Celui qui s’est fait Chemin crie : "Entrez par la porte étroite". L’homme s’efforce d’entrer, l’enflure l’en empêche : plus il s’efforce, plus l’enflure l’en empêche. Car le passage étroit comprime l’enflure, et plus elle est comprimée, plus elle enfle. De plus en plus enflée, comment entrera-t-elle ? Il faut donc qu’elle désenfle ! Comment désenflera-t-elle ? Que l’homme accepte le remède de l’humilité ; qu’il boive pour guérir son enflure cette potion amère, mais salutaire. Qu’il boive la potion de l’humilité. Qu’il écoute celui-là même qui a dit : "Entrez par la porte étroite", lui dire : "Je suis le Chemin". C’est comme si l’homme enflé demandait : "Par où entrerai-je ?" - "Je suis le Chemin, répond-il, entre par moi ; il te faut passer par moi pour entrer par la porte". Comme il a dit en effet : "Je suis le Chemin", il a dit aussi : "Je suis la Porte". Pourquoi chercher par où passer, où revenir, par où entrer ? N’erre pas de tous côtés, lui-même s’est fait tout pour toi. Il te dit en deux mots : "Sois humble, sois doux". Écoutons-le qui parle si clairement, voyons où passe le Chemin, quel est le Chemin, où va le Chemin.
Où veux-tu aller ? L’avarice t’inspire peut-être le désir de tout posséder. "Tout m’a été remis par mon Père", dit-il. Peut-être diras-tu : "C’est au Christ que tout a été remis, et non à moi" ? Écoute l’Apôtre te répondre ; écoute-le, comme je l’ai dit plus haut, pour ne pas te briser dans le désespoir. Écoute comme tu as été aimé, alors que tu n’aimais pas, écoute comment tu as été aimé, laid et souillé, avant même qu’il y eût en toi quelque chose à aimer. Tu as été d’abord aimé, avant de devenir digne d’être aimé. "En effet, comme le dit l’Apôtre, le Christ est mort pour les impies". L’impie méritait-il d’être aimé ? Cherche ce que méritait l’impie ! "Être damné", réponds-tu. Et pourtant, "le Christ est mort pour les impies". Voilà ce qu’il t’a offert, quand tu étais impie ! Maintenant que tu es juste, que ne te réserve-t-il pas ?
Mais tu désirais tout posséder. Ne cherche pas cela par l’avarice, mais cherche-le par la piété, cherche-le par l’humilité. Si tu cherches ainsi, tu posséderas. Car tu tiendras Celui par qui tout a été fait, et avec Lui, tu posséderas tout.
Sermon 142, 1, 2, 5.