MEDITATIONS

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25 juin


CYPRIEN DE CARTHAGE



DIEU N’ECOUTE PAS LA VOIX,

MAIS LE CŒUR



« Prions, mes frères bien-aimés, comme Dieu notre maître nous a appris à le faire. (…) Lorsque nous prions, que notre voix soit réglée par la décence et le respect.


Souvenons-nous que nous sommes en présence de Dieu et que nous devons plaire à ses regards divins par l’attitude de notre corps et le calme de notre parole. L’insensé pousse de grands cris ; l’homme respectueux prie avec modestie. Le Seigneur nous ordonne de prier en secret, dans des lieux solitaires et reculés, même dans nos chambres. C’est là ce qui convient le mieux à la foi. Nous savons, en effet, que Dieu est présent partout, qu’il voit et entend tous ses enfants, qu’il remplit de sa majesté les retraites les plus secrètes, selon cette parole : « Je suis avec vous, ne me cherchez pas au loin » (Jr 33). « Quand l’homme se cacherait au centre de la terre, dit encore le Seigneur, est-ce que je ne le verrais pas ? Est-ce que je ne remplis pas et la terre et le ciel ? Et plus loin : Les yeux du Seigneur regardent partout les bons et les méchants », (Pr. 15). Quand nous nous réunissons pour offrir avec le prêtre le divin sacrifice, prions avec recueillement. Gardons-nous bien de jeter à tous les vents des paroles sans suite et de formuler tumultueusement une demande dont la modestie doit faire tout le prix.


Dieu n’écoute pas la voix, mais le cœur. Il n’est pas nécessaire de l’avertir par des cris, puisqu’il connaît les pensées des hommes. Nous en avons une preuve dans cette parole du Seigneur ! « Que pensez-vous de mauvais dans vos cœurs ? » (Lc 15). Et dans l’Apocalypse : « Toutes les Églises sauront que c’est moi qui sonde les cœurs et les reins », (Ap. 2). Anne, dont nous trouvons l’histoire au premier livre des Rois, se soumit à cette règle, et en cela elle fut une figure de l’Eglise. Elle n’adressait pas au Seigneur des paroles bruyantes ; mais, recueillie en elle-même, elle priait silencieusement et avec modestie. Sa prière était cachée, mais sa foi manifeste ; elle parlait, non avec la voix, mais avec le cœur. Elle savait bien que Dieu entend des vœux ainsi formulés ; aussi, grâce à la foi qui l’animait, elle obtint l’objet de sa demande. C’est ce que nous apprend l’Écriture : « Elle parlait dans son cœur et ses lèvres remuaient ; mais sa voix n’était pas entendue ; et le Seigneur l’exauça », I Sm. 1. Nous lisons de même dans les psaumes : « Priez du fond du cœur, priez sur votre couche et livrez, votre âme à la componction », (Ps. 4). L’Esprit-Saint nous donne le même précepte par la bouche de Jérémie : « C’est par la pensée que vous devez adorer le Seigneur ».


Lorsque vous remplissez le devoir de la prière, mes frères bien-aimés, n’oubliez pas la conduite du Pharisien et du Publicain dans le temple. Le Publicain n’élevait pas insolemment ses regards vers le ciel, il n’agitait pas ses mains hardies ; mais frappant sa poitrine, et, par cet acte, se reconnaissant pécheur, il implorait le secours de la miséricorde divine. Le Pharisien, au contraire, s’applaudissait lui-même. Aussi le Publicain fut justifié et non pas l’autre. Il fut justifié à cause de sa prière, car il ne plaçait pas l’espoir de son salut dans une confiance aveugle en son innocence, attendu que personne n’est innocent ; mais il confessait humblement ses péchés, et Dieu qui pardonne toujours aux humbles, entendit sa voix.



De l’Oraison Dominicale