MEDITATIONS

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26 juillet 


Sainte Anne et Saint Joachim



Saint JEAN DAMASCÈNE



VOUS AVEZ PORTÉ UN CIEL VIVANT !


Que la création entière soit en fête et chante le saint enfantement d’une sainte femme. Car Anne a enfanté au monde un trésor impérissable de bienfaits. Par elle, en se servant de l’humanité, le Créateur a transmué toute nature en un état meilleur. Car si l’homme, qui tient le milieu entre l’esprit et la matière, est le lien de toute la création visible et invisible, la Parole créatrice de Dieu, en s’unissant à la nature humaine, s’est unie par elle à la création entière.


Mais pourquoi la Vierge Mère est-elle née d’une femme stérile ? À ce qui seul est nouveau sous le soleil, au couronnement des merveilles, les voies devaient être préparées par les merveilles, et lentement des réalités les plus basses devaient s’élever les plus grandes. Et voici une autre raison, plus haute et plus divine. La nature a cédé le pas à la grâce, elle s’est arrêtée en tremblant et ne voulut pas être la première. Comme la Vierge Mère de Dieu devait naître d’Anne, la nature n’osa prévenir le fruit de la grâce ; mais elle demeura sans fruit, jusqu’à ce que la grâce eût porté le sien. Il fallait qu’elle fût première-née, celle qui devait enfanter “le Premier-Né de toute créature”, en qui “tout subsiste”.


Joachim et Anne, couple heureux !


Toute la création vous est redevable : par vous elle a offert au Créateur un don plus excellent que tous les dons, une mère vénérable, seule digne de celui qui l’a créée. Heureux limbes de Joachim, d’où sortit un germe tout immaculé ! Admirable sein d’Anne, grâce auquel se développa lentement, où se forma et d’où naquit une enfant toute sainte ! Entrailles qui avez porté un ciel vivant, plus vaste que l’immensité des cieux ! Aire où fut amoncelé le blé vivifiant, selon la déclaration même du Christ : “Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul” ; sein qui allaita celle qui nourrit le nourricier du monde ! Merveille des merveilles, étrange étrangeté ! C’est vrai, l’inexprimable incarnation de Dieu, pleine de condescendance, devait être précédée par ces merveilles.


Mais comment poursuivre ? Mon esprit est hors de lui-même, partagé que je suis entre la crainte et l’amour. Mon cœur bat et ma langue frémit : je ne puis supporter la joie, les merveilles m’accablent, l’élan passionné me saisit d’un transport divin. Que l’amour l’emporte, que la crainte cède la place, et que chante la cithare de l’Esprit : “Allégresse dans les cieux ! Exulte la terre !”.


Homélie sur la Nativité de la Vierge, 1-2