Saints et Pères et de l'Eglise

1er AVRIL


Ste Marie l’Égyptienne (+5e s.)

Sainte Marie l’Egytienne aurait été une courtisane d’Alexandrie. Dans le désert proche de Jérusalem se trouvait le tombeau d’une ermite, une solitaire. Autour de ce fait historique s’est constituée une des légendes hagiographiques les plus populaires des premiers siècles. Un groupe de pèlerins venant de Lybie se rendait en Terre Sainte. Elle les accompagnait pour des motifs « professionnels ». Arrivée devant le Saint Sépulcre du Christ, elle ne put y entrer. Bouleversée, elle va se prosterner devant une icône de la Mère de Dieu et la supplie de la faire admettre dans l’église pour y vénérer la croix. La Mère de Dieu obtient à la fois l’entrée de Marie au Saint Sépulcre et sa conversion. Marie gagne alors le désert où elle vivra, pénitente, quarante-sept ans, dit-on, avec quelques petits pains seulement de temps à autre.


L’icône est la transcription fidèle du portrait qui en est fait dans sa vie, écrite au XVIIe siècle et attribuée à Sophronios. Comparable à une « ombre », elle présente un visage émacié par le jeûne et la rudesse de sa vie, de même qu’un corps squelettique. Ses cheveux blancs « comme la laine » sont épars, elle porte un simple manteau jeté sur sa peau brunie par le soleil. Les rehauts de blancs renvoient à la lumière incréée, signe de sa sainteté.


La scène commémore la rencontre du moine Zosime, qui vint la visiter au soir de sa vie. Vêtu de l’étole sacerdotale, il lui donne la communion, faite de pain trempé dans le vin, à l’aide de la cuillère liturgique à long manche en usage dans l’Église byzantine. La sainte ouvre la bouche pour recevoir la communion qu’elle accepte de la main droite. Son bras gauche replié sur sa poitrine cache sa nudité dans un geste de pudeur.


Le monachisme se développa dès le IVe siècle en Égypte et en Palestine, à la suite du grand ermite saint Antoine qui engagea ce mouvement et dont la vie nous est connue par le récit qu’en fit Athanase d’Alexandrie peu après la mort du saint, en 356. Marie l’Égyptienne est l’une des rares figures féminines d’ermites connues.


La vie de sainte Marie l'Égyptienne est un des plus remarquables exemples de conversion et de pénitence de toute l'histoire chrétienne. La mémoire de cette sainte est célébrée solennellement le cinquième dimanche du Grand Carême, ainsi que le 1er avril. Sa vie, écrite par saint Sophrone de Jérusalem (550-638), est lue pendant l’office du Grand Canon de saint André de Crête, le jeudi de la quatrième semaine du grand Carême, et un tropaire en son honneur y est chanté à la fin de chaque ode du Grand Canon.


Il y avait à Paris, jusqu’à la révolution française, une église dédiée à sainte Marie l’Egyptienne (rue de La Jussienne, dont le nom est une déformation de “L’Egyptienne”). La dévotion des Parisiens envers cette sainte orientale, sans doute née au moment des Croisades, était grande, aussi le rite parisien contenait-il un office complet de sainte Marie l’Egyptienne au Ier avril. Il reste quelques souvenirs de cette église dont deux magnifiques statues de la sainte déposées à Saint-Germain-L’Auxerrois et une évocation romantique par une fresque de Chasseriau à Saint-Merry.